First Blood. Honnêtement, les animés DC Comics sont de bonne qualité; ils manquent de perfection, voire même parfois de qualité, mais en tant qu'adaptations, c'est convaincant, dans l'ensemble. Les "Batman" sont un bon crû, dans le genre, autant que les Marvel en leur temps, ou les "Justice League", des mêmes mecs. Depuis la sortie du MCU, DC a décidé de lancer sa propre chronologie, version animés ( au cinéma aussi, mais les films n'étant point arrivés, je n'en parlerai pas encore ). Y'a eu des hauts, des bas, forcément. "Batman : Bad Blood" fait étrangement partie des hauts, selon moi. Pourtant, il y a quelque chose qui fait que l'oeuvre est imparfaite. Tentons d'identifier quoi. Premièrement, les doublages sont convaincants; l'on retrouve les voix habituelles, et c'est tant mieux comme cela, bien qu'imparfait. Seul petit bémol, la voix de Robin déçoit. Tout comme les autres, elle manque de conviction, de puissance, d'intensité; les émotions sont mal dirigées, mal gérées, et le résultat, au final, manque de pêche, de banane. En gros, la poire était trop mûre. Les dessins s'avèrent, quand à eux, plutôt fidèles à ceux du comics, à l'univers du Batman. C'est esthétique, travaillé, réussi. Les couleurs sont elles-mêmes très belles, et apportent une certaine touche à l'oeuvre. Seulement, voilà que les dessins affichent de sérieux problèmes de proportions, notamment quand un personnage s'avance de l'arrière plan, pour passer au premier plan. Le déplacement est pénible à voir, lourd; une telle erreur surprend, de nos jours. De même pour les visages, pas forcément très travaillés ( surtout pour les seconds couteaux ), et les corps, apogée de la déception : les bras et les jambes sont trop longs, tout comme le torse, manquant de réalisme, parfois même de puissance ( pour Batman, c'est assez dérangeant, surtout que le rendu de l'affiche de l'oeuvre, magnifique, n'est en rien contractuel à l'oeuvre ). L'animation, quant à elle, manque d'un poil de fluidité; elle s'avère trop rigide, trop mécanique. Des fois, l'impression que les personnages ne sont que des machines vient effleurer notre esprit, comme si l'on se trouvait devant une version animée d'un Terminator. Et c'est assez pervers, comme remarque, tant cela offre au film un aspect positif : le rithme effréné des combats. Cela leur confère un aspect très spectaculaire, très élaboré; c'est carré, martelé, en bref, c'est impressionnant. L'aspect rigide de l'animation leur offre donc ce qu'elle retire en qualité à l'oeuvre. Là est un cercle vicieux, une boucle infernale, aspect que j'avais déja remarqué dans certains animés DC ( et Marvel, également ), mais que je n'avais, jusque là, pas jugé utile de souligner. Allez savoir pourquoi ! De beaux jeux d'ombre sont à signaler, au milieu d'une bande-son accompagnant parfaitement le tout, lui offrant encore plus de rythme et de saveur. De ce niveau là, il faut souligner un beau travail, convaincant et très plaisant. Au niveau de l'écriture, c'est pas forcément marquant, mais c'est suffisament fendard pour échoffer les esprits, et faire ressortir la chauve-souris blottie au fond de chacun d'entre nous. D'un côté, l'idée de base est vraiment casse gueule : c'est commun, manquant d'imagination. Le look de l'hérétique est complètement massacré, profané; ce qui ressemblait à un frère dégénéré de Bane s'est ainsi transformé en un sous-Batman du pauvre, sans aucune imagination dans son aspect physique, si ce n'est de l'avoir pompé d'un grand méchant du run de Morrison ( le plus balaise des trois flics, mais en beaucoup moins classe ). Et c'est dommage, parce que cela enlève tout charisme au personnage, toute aura; l'on n'a plus peur en le voyant, tellement qu'il semble normal. L'hérétique n'est plus qu'un méchant comme les autres, loin de son prestige d'antan, et de sa personnalité torturée d'avant. Le pire, c'est qu'ils n'ont même pas conservé sa gueule, les mecs ... De ce côté là se trouve une incompréhension totale de l'oeuvre de Morrison. De plus, les dialogues, idiots, et les clichés récurrents finissent d'achever l'oeuvre. Mais voilà que "Batman : Bad Blood" est sauvé de justesse par quelque chose de non négligeable : le courage des scénarites. En effet, les types ne craignent pas de tuer des méchants de l'univers Batman ( aussi importants soient-t-ils ), et de partir dans le propre délire. Le scénario, excellent, constitue une très bonne relecture de l'oeuvre de Morrison ( outre les éléments annoncés plus haut ). Pour le coup, cela fait grand plaisir que de tomber sur un bon scénario inédit; la découverte est de mise, la surprise de taille. A voir, un bon animé, bien que plombé par des détails qui, seuls, pourraient s'avérer insignifiants, mais qui, réunis, lui mettent du plomb dans l'aile, du plomb dans la tête.