Aronofsky est un réalisateur très clivant et encore une fois "Mother!" va partager et il y a de quoi. Même si je ne suis pas fan de tous ses films (pour moi son meilleur, et de loin, est la grosse claque "Requiem for a dream"), voir l'une de ses œuvres est toujours passionnante tant son cinéma - pas très subtil il est vrai - est original. Et "Mother!" commence très bien avec un premier segment très très intriguant et anxiogène où on n'arrête pas de se demander où Aronofsky va nous conduire. Le deuxième segment devient encore plus étrange et ajoute encore au questionnement. Arrive enfin le troisième segment qui, on l'espère, va donner les clés de l'histoire, mais au contraire, il part dans des sommets de délires et on ne comprend plus rien. La fin est là et on se dit : WTF ? J'ai vu quoi ? Et c'est là que j'ai un très gros regret : celui de ne pas avoir laissé maturer le film en moi et de m'être jeté sur internet. Parce que j'ai tout de suite trouvé l'interprétation exacte de tout ce que je venais de voir dans la critique lumineuse d'Antony B. sur ce site (merci à lui) et je me suis demandé si en réfléchissant un peu j'aurais trouvé l'explication, ou si le film serait resté un mystère pour moi. En fait "Mother!" est construit comme une sorte de rébus filmique, et comme toute bonne énigme, le vrai plaisir est celui de le résoudre et non pas d'avoir la réponse qui le rend évident. Et c'est en cela que le film est un exercice totalement gonflé, il conduit le spectateur vers des contrées très étranges où il est totalement perdu, mais il a toutes les clés à disposition pour s'y retrouver après coup. Il est en cela assez unique, car la plupart des films très opaques, comme "Mulholland drive" par exemple, restent sujets à discussions et interprétations même après mûres réflexions (et le réalisateur lui même apporte rarement toutes les réponses, on se demande même s'il les connait). Au-delà du scénario qui n'est en fait qu'une fable, une parabole très lourdingue pour être honnête, on peut reprocher comme toujours à Aronofsky d'y aller avec ses gros sabots, mais il faut lui accorder que techniquement il fait preuve d'une grande virtuosité (entre autre la caméra au plus proche de Jennifer Lawrence est surprenante). En conclusion, j'étais très intrigué et emballé la moitié du film et très décontenancé à la fin, "Mother!" est de ces œuvres osées, inclassables et finalement fascinantes, qu'il convient de juger avec un peu de recul et pas sur l'instant, mais toute la dernière partie était pour moi trop déstabilisante, agaçante, à la limite du déplaisant, pour que je puisse dire que c'est un film que j'ai réellement apprécié... mais que je suis heureux d'avoir vu, c'est là toute la contradiction.