Darren Aronofsky revenant au cinéma de genre qui a fait sa gloire ? A priori, c'était tout bon, surtout après le mitigé « Noé ». A priori... Bon, au moins celui-ci ne laissera personne indifférent et ne manquera pas de susciter le débat, mais dans ce cas je me situerais plutôt du côté des détracteurs. Pourtant, le réalisateur de « Black Swan » n'a pas perdu son talent : anxiogène et oppressant à souhait, le film exploite avec brio son décor unique et en fait un lieu de toutes les expérimentations les plus folles (notamment visuelles), certaines images étant difficiles à oublier. Mais quel bazar ! Passe encore la première partie, déjà assez bizarre et pas pleinement convaincante, mais posant au moins les bases du propos d'Aronofsky. En revanche, la seconde... Après quelques minutes de calme bienvenues, voilà que l'hystérie est repartie puissance 100 : là encore je comprends où l'ami Darren veut en venir, mais c'est long, bruyant, harassant, au point d'en avoir presque envie de vomir... Le nihilisme, la noirceur, je n'ai rien contre, bien au contraire. Encore faut-il qu'ils soient au service d'un propos fort, d'une vraie progression dans le récit : ici, on est perdu sous le mysticisme et les symboles religieux, les thèmes intéressants (notamment la création) n'étant qu'à moitié exploités. Cela laisse certes à beaucoup d'interprétations que j'imagine plus ou moins fumeuses (il faut dire qu'il y a de quoi), mais ce genre de procédés a ses limites, surtout lorsqu'il donne autant dans le grand-guignol et l'hystérie. Au final, Darren Aronofsky a fait une œuvre à son image : ambitieuse, étonnante, jusqu'au-boutiste et narcissique, voire totalement mégalo. Jennifer Lawrence y trouve sans doute son rôle le plus marquant, mais ça n'empêche pas le rejet que j'ai eu trop souvent pour « Mother! » aussi bien dans le fond que la forme. Et de songer que si je n'ai « vraiment » aimé que deux films du monsieur (« The Wrestler » et « Black Swan », soit les deux titres, au passage, dont il n'a pas écrit le scénario), ça n'est sans doute pas un hasard...