Premier aveu : j’avoue ne pas avoir su quoi penser sur le moment de « Mother !». Un thriller psychologique à huis clos ? Deuxième aveu : durant la grossesse de Elle, après le débarquement de quelques individus dans sa maison, j’avoue avoir cerné le propos ! C’est tard me direz-vous, peu importe, le monde ne s’est pas fait du jour au lendemain ! C’est un thriller psycho-biblique !!! Me voilà, tel un processeur, à replacer mon puzzle, à identifier Ed Harris, Michelle Pfeiffer et son comportement envers le diamant, les frères Caïn et Abel, et enfin cette grossesse soudaine en une nuit ; mon esprit se stabilise enfin quand retentit le chaos dans lequel je suis pris et me surprends à mon grand étonnement à anticiper quelques situations que d’aucuns diront «téléphonées » comme la révolution, la guerre, le fanatisme. Darren Aronofsky concentre ses angoisses, ses fantasmes, toutes les tares de l’Humanité dans cette maison et autour de cette Mère. La dimension biblique que j’ai perçue assez tard est évidente. Sa vision de l’Humanité est terrifiante et cependant je suis enclin de la partager. Je ne suis pas du tout optimiste. A défaut de ne pas croire en dieu, je ne crois pas plus en l’Homme ! Dans « tare », c’est l’Homme que je vise. C’est le serpent qui se mord la queue : qui de l’homme ou de la religion va plonger l’Humanité dans le chaos ? La religion ? C’est l’Homme qui l’a créée. L’Homme, assurément sous couvert de la religion. Le fanatisme a plusieurs formes, fanatisme pour un dieu, un démon, un artiste, en l’occurence Lui (Javier Bardem). A propos de Lui, j’ai eu aussi une autre lecture. L’amour de ses admirateurs se meut en fanatisme. Ils croient en Lui, en ses actes, en ses paroles. Et Lui ? N’est-il pas fanatique de ses admirateurs ? Le fanatisme est étranger à l’Amour. Croire n’est pas croyance et croyance n’est pas nécessairement Amour. Par contre, le Pardon serait-il Amour ? C’est ce que suggère Aronofsky. Le pardon serait, selon le réalisateur, la clé pour éviter l’effondrement de l’Humanité. Il est vrai qu’il est difficile de pardonner. Pardonner à son ennemi a plus de poids que de pardonner à son ami. Pardonner l’assassin de son enfant a plus d’impact que de pardonner un juge qui a puni votre enfant pour un larcin. Le Pardon serait Amour selon Aronofsky. Si tous les hommes se pardonnaient pour leur débordements excessifs, pour leurs indélicatesses, pour leurs crimes, l’Humanité serait -elle pour autant sauvée ? Pardonner ce serait vraiment croire en l’Homme. En Dieu accessoirement ! Pardonner pour autant d’excès ne serait-ce pas aussi du fanatisme ? Elle, la Mother ne peut pardonner les agissements de son mari, Lui.
Encore moins envers ceux qui ont déchiqueté son enfant.
Et pourtant, Mother offre à Lui son coeur par amour car il lui en reste pour Lui. Cet amour qui reste paraît indispensable pour recomposer l’Humanité.
Une autre Mother sera mise à l’épreuve
. Comme dans les écrits religieux, on s’aperçoit que la femme a encore le mauvais rôle. Elle passe pour un être égoïste. Lui, passe pour un être désintéressé, charitable, philanthrope. La femme bafouée, comme Eve, la toute première qui aurait fauté (?!), sur laquelle retombe la responsabilité des péchés de l’Homme. Responsable ? Non, coupable ! Ben voyons ! Elle a cédé à la tentation, par sa curiosité, par son égoïsme, par son exclusivité. Un film complexe, confus, clivant où j’ai été particulièrement sensible sur le travail du son. A ne pas découvrir un soir de grande fatigue. Très bonne prestation de Jennifer Lawrence. A voir en V.O, évidemment.