Voici le dernier film du projet Itoh.
Comme l'indique le titre, le film évoque via des réflexions philosophiques, et la traque d'un individu par des commandos américains, de la notion de génocide, et de la capacité d'une société entière à massacrer ses semblables.
Ce qui rend l'œuvre originale, au-delà de la partie métaphysique, c'est la vision qu'on une partie de la population japonaise, aussi bien de l'ingérence américaine, que de la critique de la société humaine en tant que civilisation.
Le film est l'opposé même du terme manichéen : le héros et le méchant de l'histoire sont tous les deux américains, intelligents, brillants, et parfaitement intégrés à la société, et partagent sur le papier plus de points communs qu'ils ne veulent l'admettre. On reprends un thème cher à Oliver Stone : l'ennemi est en nous-même.
En dénonçant les dérives de la lutte anti-terroriste, par la restrictions des libertés individuelles, par le contrôle des comportements humains via l'exploitation des données personnelles, le film livre une critique si actuelle des problèmes rencontrés aux USA par le déploiement de l'intelligence artificielle et de la reconnaissance faciale mise au point par les géants du web, que l'armée, le FBI et les polices locales souhaitent mettent en oeuvre.
Le visual novel date pour mémoire de 2007, c'est dire l'avant-gardisme et la visionnarisme de feu l'auteur Keikaku Itoh, décédé en 2009.
La mise en scène emprunte beaucoup à l'imagerie américaine, dépeignant un monde réel tout en étant légèrement futuriste. Le réalisateur arrive à alterner les scènes d'action, le quotidien du héros en dehors de ses missions, et les séquences philosophiques.
Le seul point noir est que les phases d'exposition sont trop rapides, et manquent souvent de nous perdre tant le rythme et le niveau d'explication est élevé.
Je ne suis pas certain qu'un spectateur n'ayant pas déjà vu de grands films remplis de thématiques fortes et complexes puisse rester attentif jusqu'au bout.
Genocidal Organ est clairement l'œuvre la plus aboutie de la trilogie Itoh et je comprends l'acharnement du studio Manglobe, et des producteurs de la case NoitaminA, de continuer l'adaptation du film malgré la faillite du studio en 2015.
Chapeaux à toute l'équipe du film qui se sont vraiment surpassé et ont montré ce qu'est la grandeur de l'Animation Japonaise.