Il suffit de deux filles roulant dans une décapotable sous un soleil, ici italien, pour que tout de suite on nous ressorte "Thelma et Louise". Si on peut y voir un léger clin d'oeil, "Folle de joie" n'emprunte pas le créneau féministe de son ancêtre américain, troquant sa violence ambiante contre un road-movie déjanté tirant sur le mélo lacrymal.
Béatrice est un bourgeoise frappadingue, imposant sa folle tyrannie aux pensionnaires d'un centre psychiatrique situé dans une grande maison de maître. Lorsqu'arrive Donatella, aussi brune que l'autre est blonde, aussi introvertie que l'autre est exubérante, la rencontre se transforme en une sorte d'amitié qui tient plus de la béquille que du coup de foudre. Néanmoins, elles vont fuguer, surtout grâce à l'énergie délirante de Béatrice et décider de retrouver l'amant de l'une et l'enfant de l'autre. Le film va les suivre dans diverses péripéties à la fois drôlatiques et pleines d'énergie.
D'une situation bien écrite, bien dialoguée, nous assistons à un véritable numéro d'actrice. Valéria Bruni-Tedeschi est absolument exceptionnelle dans son personnage de mythomane extravertie, enflammant l'écran comme rarement, emportant tout dans un tourbillon de folie. Aussi impériale dans la démence que dans la colère voire le pathétique, elle donne au film un rythme fou et jubilatoire. Face à elle, Micaela Ramazotti, dans un rôle plus ingrat, arrive à exister car le film a l'intelligence de jouer aussi dans la subtilité. Sans pathos, il questionne sur le sens que la vie peut prendre quand tout semble contre soi, quand la société décide de condamner avec un enfermement sous neuroleptiques. quand un lourd passé empêche un quelconque avenir. Même si la dernière partie, avec son revirement mélodramatique un poil gnangnan, peut paraître un peu facile, il amène une conclusion plutôt sympathique et intéressante qui, mine de rien, emporte le film dans une zone insoupçonnée ( en gros, un sujet du bac philo : l'enfermement pour rendre libre).
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