Ce film du roumain Cristian Mungiu a reçu conjointement avec Personnal Shopper de Olivier Assayas le prix de la mis en scène au dernier festival de Cannes…le prix de la mise en scène honore un cinéaste comme étant le meilleur réalisateur parmi les films de la compétition…on peut s’étonner que Cristian Mungiu le reçoive pour Bacalauréat… mais le dernier palmarès de Cannes nous a apporté d’autres surprises…Roméo, médecin chirurgien, la cinquantaine, un peu d’embonpoint vit à Cluj, au nord de la Roumanie, coincé entre une femme bibliothécaire, Magda, fleur fanée, un peu neurasthénique ou dépressive, avec laquelle il fait chambre à part, et une jeune maitresse, Sandra, enseignante qui a été sa patiente avant qu’il ne la séduise…sans que l’on ressente un lien fort entre eux…on comprend que Roméo et Magda avaient quitté la Roumanie sous Ceausescu et qu’ils sont revenus en 1991, espérant un renouveau du pays après cette « révolution roumaine »… on les sent sans illusions, désabusés et se sentant coupables de n’avoir rien fait pour que cela change…Ils ont une fille, Eliza, brillante lycéenne à la veille de passer son baccalauréat , surprotégée par ses parents et notamment son père qui envisage pour elle des études en Angleterre pour prendre pieds dans un monde meilleur…à la veille de son examen, Eliza est victime d’une agression en traversant un chantier proche de son lycée…elle a un poignet fracturé, et le traumatisme de l’agression lui fait perdre ses moyens et rater une partie des épreuves. L’obsession de Roméo est de sauver sa fille, et lui, intègre praticien qui n’a jamais accepté une enveloppe de ses patients, va entrer dans un cycle de compromissions, non pas nécessairement une corruption monétaire, mais un monde d’obligés, de services rendus et de services attendus en retour…piège qui évidemment se retournera contre lui….c’est un film austère, voir désespéré, gris…tout est gris, les intérieurs fatigués, les immeubles tout autant , le temps maussade…de long plans séquences placent les personnages dans de longs face à faces silencieux…c’est un film d’une déprimante fatalité, un peu trop long, se compliquant inutilement sur la fin… j’ai eu peine à être captivé, alors que j’avais été ébloui par Au-delà des collines du même réalisateur…