Baer égal à lui-même : dandy, insupportable, excessif, désinvolte, attachant, et surtout parisien. Le voilà directeur d'un magnifique théâtre, le Théâtre de l'Etoile, dont la gestion est plus qu'hasardeuse. C'est la veille d'une première d'une obscure pièce où il est question d'un singe et d'une femme, mise en scène par un artiste japonais, mais un des acteurs, sensé incarner l'animal se blesse de la cage suspendue, ce qui oblige le directeur de théâtre à courir tout Paris à la recherche d'un singe. Le récit est déjà en lui-même totalement loufoque. Or, Edouard Baer parvient tout de même à en faire quelque chose de vraisemblable, entre le grand guignol, la comédie de boulevard, le théâtre évidemment et le voyage à Paris. On aura naturellement éprouvé une émotion véritable face à la présence de Galabru, vieilli certes, pas tellement loin de sa disparition, auquel le réalisateur rend un joli hommage. C'est aussi un film sur Paris la nuit, la référence au bel ouvrage de Bohringer étant permanente, mais sur un mode moins tragique que burlesque. Le comique rend hommage à tout le petit monde du théâtre et du cinéma : ses intermittents, ses groupies, ses acteurs, ses techniciens, ses financeurs, et ses paniers percés. Et pourtant, ce drôle de film "Ouvert la nuit" paraît infiniment long. Le spectateur n'accroche pas vraiment à ces séries de pantalonnades où le héros principal, totalement inconscient, se fout de tout, et du spectateur en même temps. Bref, voilà un objet curieux, sans peu d'intérêt, sinon que Paris la nuit est magnifiquement filmée.