Nous sommes loin de l’Enquête corse avec Une vie violente de Thierry de Peretti…dans un film nerveux, brut aux accents de thriller, Thierry de Peretti signe une fresque politique vaste et prenante sur la Corse de la fin des années 90, déchirée par la violence, autour de Stéphane, militant nationaliste réfugié à Paris et qui apprenant l’assassinat d’un ami décide de se rendre aux obsèques malgré les menaces qui pèsent sur lui. A 27 ans, Stéphane dans un long feed-back, revit son passé, fils de bonne famille, ayant accepté un jour de transporter sur le continent une valise d’armes…arrêté et condamné à deux années de prison, il s’y radicalise au contact de nationalistes plus aguerris et vivra à sa sortie de prison toute la confusion de cette époque où le banditisme flirte avec le nationalisme, brouillant les cartes, provoquant scissions et règlements de compte…où de jeunes gens un peu naïfs se laissent séduire par des politiques avant d’être abandonnés à leur sort…c’est un film qui demande une attention soutenue, attention aux longues conversations qui peuvent nous égarer dans un trop plein d’informations, aux visages trop ressemblants…qui est qui ? de quel bord est-il…on se perd un peu entre ces factions rivales, entre ces rivalités politiques ou d’argent…ce film est un film d’hommes, peu de femmes sauf dans cette scène finale où un groupe de femmes réunies dans la dégustation de crabes, en présence de la mère de Stéphane, parlent du sort de leurs hommes, leurs fils ou leurs frères, faisant le décompte des morts violentes, fatalistes dans l’acceptation de cette règle, de violence ancestrale et de vendetta…En dehors d’une très brève notice historique en tout début de film, le réalisateur se refuse à toute explication…il faut recherche ailleurs pour découvrir que la trajectoire de Stéphane s’inspire de celle de Nicolas Montigny, militant d’Armata Corsa assassiné en 2001, et au groupe lui-même, décimé au début des années 2000, sous les coups d’une alliance entre factions nationalistes rivales et le gang de la Brise de Mer . Ainsi à défaut d’une reconstitution historique, c’est le climat d’une époque que Thierry de Peretti veut rendre sensible au spectateur, portant un regard sans jugement, mais sans complaisance non plus, sur cette génération perdue nous interrogeant aussi sur la façon dont chacun peut trouver sa place et, peut-être, échapper à son destin.