Le génial Wes Anderson passe en un clin d'oeil du cinéma au cinéma d'animation image par image.
Nous sommes au Japon. L'effroyable maire de la ville de Megasaki a décidé de rafler tous les chiens et de les balancer sur une île qui sert de décharge à ordures, mais qui, autrefois, a abrité des usines, des centres de recherche, un parc d'attraction....Les pauvres animaux cherchent une misérable pitance parmi les détritus. De quoi sont ils accusés? D'entretenir une épidémie de fièvre truffoïde, transmissible à l'homme.... et surtout, d'être bien trop nombreux! Parmi les chiens, il y a les chiens de garde, de protection, avec lesquels il est proscrit d'avoir des relations affectives, et les chiens de famille. Naturellement, les enfants sont désespérés d'être privé de leur animal de compagnie, et dans les lycées, des jeunes tentent de s'organiser. Les amis des chats (parmi lesquels vous reconnaîtrez la rédactrice de ce post) sont évidemment affligés de voir ceux ci, affublés de museaux écrasés et sournois, associés au sbires du vilain maire. Voyons, on sait depuis Siné qu'il n'y a pas de chats policiers....
Naturellement, la parabole humaniste est là, avec parfois ses gros sabots.....
Un ULM vient s'écraser sur l'île, piloté par Atari, un gamin de douze ans, la pupille du tyran. Il veut retrouver son chien de garde, qui était devenu son ami. Les CRS locaux, assistés de chiens mécaniques, viennent tenter de le récupérer mais Atari prend la tête de la rébellion, avec une bande de cinq chiens. Vous avez bien lu: chiens, car les petites chiennes, toilettées jusqu'au bout des ongles, ne sont là que pour susciter le désir des corniauds. Harry Weinstein, sors de ta tombe!!
Il y a (surtout au début) des images époustouflantes. Quelques compositions rappelant les estampes japonaises se marient avec les plans de désolation. Il y a une inventivité constante, même si tout cela finit par tourner un peu en rond, et que le film aurait pu être raccourci de dix minutes. La fin, d'ailleurs, est assez bâclée.
Quelques points à relever: le vilain maire a tout à fait la tête des méchants du théâtre Kabuki (ou de Toshiro Mifuné, acteur fétiche de Kurosawa, lorsqu'il se grimait justement en méchant); les différents sbires sont tous plus affreux les uns que les autres; on frôle la caricature du Jap belliqueux.... Mais surtout, les chiens me laissent perplexe. Pourquoi ne pas avoir dessiné des chiens japonais? De ces Shiba Inus qui deviennent à la mode et se multiplient sur les trottoirs parisiens, alors qu'il y a dix ans, il n'y en avait pas un? Ce ne sont pas non plus des Akita Inus, non ce sont des espèces de fox terriers.
Doubler les films d'animation, cela devient maintenant un rôle à part entière et, des deux côtés de l'Atlantique, les vedettes, d'Harvey Keitel à Scarlett Johansson, et d'Isabelle Hupert à Vincent Lindon se pressent sur les rangs.... Quant à la musique, elle est signée Alexandre Desplat qui va encore nous ramener un Oscar....