Bien évidement, la principale vertu de L’île aux chiens c'est l'incroyable côté technique. Un travail d'artisanat qu'on n'avait jamais connu. Le moindre détail se magnifie grâce à la mise en scène. Chaque guignol est enregistré avec des micro-caméras qui donnent l'impression que les personnages ont été fabriqués à taille réelle. Aussi, pour créer une illusion de profondeur, les éléments du paysage en deuxième plan sont de taille réduite. Ainsi, le contraste avec les premiers plan des personnages, donnent une sensation de distance entre les différents objets.
En plus, toutes les retransmissions qu'on voit sur les télés du film sont intégralement animées au méthode traditionnel. Le contrecoup que ça crée par rapport aux marionnettes tridimensionnelles amplifie la délicatesse de chaque poupée et chaque décor. Au-delà de l'image, Anderson traite soigneusement le son. Les voix de chiens sont en anglais et la plupart des humains parlent en japonais, sans sous-titres, s'appuyant seulement sur des autres personnages secondaires qui traduisent ce qu'ils dissent. Le cinéaste sublime encore une fois le côté visuel de son film avec quelques idées bien exécutées qui font de L'île aux chiens son travail le plus intéressant jusqu'à la date.
Ce n'est pour rien que cette fois-ci Anderson va plus loin du plaisir visuel pour charger le film d'un message politique assez critique, contrairement au reste de sa filmographie, si jolie comme creuse. La déportation d'un groupe de la population visé pour le pouvoir, d'un jour au lendemain, résonne comme une claque dans la gueule de Trump même si le fond du film se cache derrière la culture nippone. Une première pour le réalisateur, qui donne un coup sur la table sans renoncer à son style si particulier.
Depuis qu'on avait connu la synopse de L'ìle aux chiens, l'attente semblait interminable. Un gamin de douze ans qui s'échappe sur une île abandonnée pour récupérer son chien. On aurait dit que, enfin, après une carrière centré sur l'extravagant et l'excentrique, Anderson misait sur l'émotion. Ces dernières années, Pixar a perfectionné la formule touchante pour les adultes qui reconnectent avec leurs sentiments de l'enfance, devenant aujourd'hui le référent principal dans l'industrie. Aussi, la figure du chien comme être naïf et câlin devrait aider le film pour émouvoir son public. Malgré toutes ces facilités, la tendresse du scénario ne sort pas en surface.
Les blagues de Wes Anderson ne marchent pas à tous les coups. C'est un humour sec, blindé de sarcasme, qui frappe les spectateurs.
On trouvera ce style comique au début du film, quand il nous fait croire que le chien du protagoniste est mort parce-que personne savait ouvrir sa cage. On le retrouve aussi quand le char de la grue avec les chiens dedans tombe dans un incinérateur, ce qui nous fera penser quelques minutes que la moitié des chiens protagonistes sont morts aussi.
Il s'agit de ces coups d'effet si fermes qui coupent le fil narratif d'une façon trop directe qui nous contrarient, incapables de nous surprendre ou nous faire rire. Dommage pour Anderson, qui préfère laisser son empreinte frivole sur l'humour au lieu d'approfondir dans le portrait des personnages si bien retouchés en surface.
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