Il s’agit là d’un univers singulier, il pourrait ne pas plaire à tout le monde. Si le fond du long-métrage et les valeurs qu’il véhicule, m’ont absolument ravi, quelque chose, que je ne saurais forcément vous expliquer, m’a quelque peu « dérangé » sur la forme. Est-ce le rythme, très Japonais et inspiré des jeux vidéo, semble-t-il, avec prologue, chapitres, flashbacks… ou certains personnages m’ayant quelque peu déplu esthétiquement, comme le jeune garçon (appelé « le petit pilote » par les chiens), qui, je dois le dire, m’a presque effrayé à chaque fois que je le voyais apparaître à l’écran.
Néanmoins, cela n’a pas gâché le plaisir de voir un film différent, présentant les chiens comme des êtres à part entière, se comprenant entre eux et entre animaux d’autres espèces (la chouette), mais ne comprenant pas les humains (« Si seulement, ils pouvaient parler notre langue… », dira l’un d’eux). Comme si, pour une fois, les rôles étaient inversés. Mais il n’y a pas que dans ce contexte qu’ils le seront.
En effet, quand vers la fin du film, Spots annonce au jeune garçon qu’il ne sera plus son garde protecteur, pour une fois, un animal abandonne son maître, alors qu’il a recherché son chien au péril de sa propre vie.
Ce retournement de situation est exceptionnel, et fait réfléchir une fois le film terminé. Car si Wes Anderson a bien réussi une mission en réalisant ce film, c’est qu’il a mis son style particulier, une esthétique et une ambiance singulières, au service des messages qu’il souhaite faire passer aux spectateurs. Que l’empreinte du film soit durablement vive et active, dans la mémoire des personnes ayant vu le film, pour que le message fasse date. L’intensification de l’engagement envers la cause animale s’intensifiant ces temps-ci, cela est vraiment de bon augure, et une véritable bonne chose.
L’accent a été mis plutôt sur la détermination, la force, le courage, le fait d’aller droit au but. Jamais sur l’apitoiement, notamment du fait de Chief, le chien errant n’ayant jamais été domestiqué. Çà et là, les protagonistes ont tout de même les larmes aux yeux, et on ressent à ces instants leurs états d’âme et émotions.
Ce qui m’a également beaucoup marqué dans ce film, c’est la volonté de donner des voix « d’âge mûr » aux chiens (j’imagine un parti pris de la part du réalisateur). Si souvent, les animaux parlant dans les films d’animation, notamment les chiens, ont bien souvent une voix fluette, ce n’est pas le cas ici, comme si on avait voulu leur donner cet air de « vieux sages » qui leur sied très bien. Pour ma part, la façon de parler et de s’exprimer des chiens a contribué au fait que je me suis davantage attachée à eux, notamment à Chief, ce chien errant se laissant apprivoiser par le petit pilote lors d’une scène très réussie.
Wes Anderson signe une œuvre singulière et particulière, avec un univers bien à lui. « L’Ile aux chiens » se démarque par son originalité, un style incisif sur la forme, mais bienveillant dans le fond. Même s’ils sont expropriés sur cette ile poubelle, les chiens prennent le pouvoir et chacun des protagonistes canins est particulièrement réussi, et ils se démarquent par un caractère fonceur, audacieux et téméraire.
Ma critique complète sur mon blog: reves-animes.com