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    My Name Is Emily
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    lhomme-grenouille
    lhomme-grenouille

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    4,0
    Publiée le 11 mai 2021
    Ce fut au cours de la rédaction du scénario de ce « My Name is Emily » qu’il l’apprit.
    Simon Fitzmaurice, fraichement auréolé d’un prix à Sundance pour son court-métrage « The Sound of People », découvre qu’il est atteint d’une maladie neurodégénérative.
    Ses médecins sont catégoriques. Il perdra l’usage de tout, progressivement, jusqu’à la mort. On lui donne quatre ans, tout au plus.
    On est en 2009. Il a quarante-deux ans. Sa femme attend son troisième enfant.
    « My Name is Emily » qui devait être son premier long-métrage s’écrivit soudainement en pointillé…
    …Des pointillés que Simon Fitzmaurice ne voulut laisser sans suite.
    « My Name is Emily » serait.
    …Quand bien même serait-il le dernier.

    On peut voir « My Name is Emily » en sachant ça ou sans le savoir.
    Mais au final le résultat est le même.
    A la fin on a ce film dont il ressort une étonnante sensibilité.
    Un sens aigu de l’émotion.
    Une palpation à fleur de peau.

    « La vie passe vite, comme les montagnes en arrière-plan » nous dit-on en ouverture.
    Emily se cache au fond de l’eau de sa baignoire.
    Une zone de réconfort – un sommeil – mais qui la rapproche inexorablement de la mort.
    Il faut sortir. Se réveiller. Oser se percuter au monde.
    Le ton épouse l’âge de l’héroïne. Adolescente. Sensible.
    Une sensibilité éveillée par un père qui aimait par les mots tandis que sa mère l’aimait par les gestes.
    Deux êtres qui lui échappent justement. Et sa vie avec.
    …Comme des montagnes en arrière-plan.

    A bien le considérer ce film ne raconte rien d’extraordinaire.
    Un road-trip. Un amour d’adolescents. Une quête des origines…
    C’est mignon. Sans temps mort. Maîtrisé.
    …Mais persiste malgré tout ce ton.
    Cette sensibilité adolescente à fleur de peau.
    Ces regards qui vivent.
    Ces embrassades qui réchauffent.
    Ces pieds qu’on redresse pour mieux enserrer le cou d’un père aimant.

    Etonnamment le choix de l’adolescence donne tout ce sens à ce film entre ces deux extrêmes qui se touchent : entre ce début et cette fin.
    On sent la pulsion de vie. La peur aussi.
    Et surtout on ressent cette attention si fine aux choses qui sont vraiment précieuses.
    Des instants.
    Des gens.
    Des gestes…

    En cela les choix formels sonnent juste.
    Une voix-off très douce qui rappelle toujours l’intériorité des choses.
    Un jeu de brefs flash-backs qui sait faire les liens nécessaires et souligner la force des instants vécus ; des souvenirs réveillés.
    Tout est pesé.
    Les mots. Les regards. Les raccords. La lumière.
    Ainsi, sans être extraordinaire dans son propos ou dans son style, « My Name is Emily » parvient néanmoins à devenir précieux.
    Précieux parce que délicat.
    Délicat parce que sensible à la portée de chaque geste…
    …Et notamment des gestes de son auteur.

    Ces gestes, concrètement, ils furent de simples mouvements de l’œil dans un capteur relié à un ordinateur.
    Au moment du tournage et du montage de ce film, Simon Fitzmaurice ne pouvait déjà plus ni bouger ni parler.
    Chaque geste était fastidieux. Pénible. Long.
    Mais la pensée qui les portait n’en était pas moins riche tant elle avait eu le temps de mûrir chaque chose. De les polir.
    …D’en saisir la préciosité.

    Au fond ce film nous rappelle à l’essence même de cet art.
    Rien n’est fait à la va-vite.
    Malgré l’urgence des montagnes qui défilent, on sent l’attention d’un homme voulant livrer là un témoignage digne et reconnaissant de son passage sur terre.
    Aussi « My Name is Emily » n’est-il animé d’aucune prétention ni d’aucune esbroufe.
    Il est juste un film modeste. Simple.
    …Beau.

    Beau parce que sachant voir.
    Beau parce que donnant à voir.
    Beau parce que nous faisant apprécier la beauté d’un simple défilement de montagne derrière la vitre d’une vieille voiture.

    « My Name is Emily » est plus qu’un premier ou un dernier film.
    Il est les deux.
    Il est un début et une fin.
    Il est un tout.
    Le bref témoignage d’un homme qui a su sentir et surtout qui a su aimer.
    Et s’il est tragique de partir si tôt et surtout de partir ainsi…
    …Il est aussi magnifique qu’en telles circonstances, Simon Fitzmaurice ait su nous dire au-revoir d’une manière aussi belle.
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