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traversay1
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3,5
Publiée le 19 novembre 2017
Dans Paradis d'Andreï Konchalovsky, c'est le dispositif qui s'impose, presque davantage que son sujet. Trois témoignages post-mortem, face caméra, en trois langues, de témoins du nazisme dont ils été acteur (l'allemand), collaborateur (le français) ou victime (la russe). L'image est en noir et blanc, incroyablement travaillée, et le film reconstitue alternativement, les agissements des différents personnages, leurs justifications et leur cheminement dans cet univers du mal absolu. Plus glaçant qu'émotionnel, Paradis dégage une puissance incontestable, notamment dans ses scènes de camp de concentration. Mais on s'interroge sur la finalité du film : montrer que chacun a ses raisons, aussi contradictoires soient-elles ? Et que chacun porte en lui une personnalité complexe et ambigüe, dans des zones grises où l'on n'est jamais tout à fait un salaud intégral ? Le formalisme du long-métrage pose question tout autant que sa morale, si tant est qu'elle soit imposée. Il y a une bribe d'espoir dans les dernières images, oasis dans dans un film pessimiste sur l'âme humaine (l'enfer c'est nous autres), oeuvre d'un cinéaste octogénaire qui fait montre d'une vision personnelle, contestable et vouée à la controverse, mais impressionnante d'un point de vue purement artistique.
Le choix esthétique de Konchalovsky est remarquable et ne cesse de dénoter de l'enfer. La mise en scène est juste parfaite, les comédiens en tout point remarquables. Si le sujet n'est pas nouveau, l'idée de l'existence du paradis, et donc aussi du pardon est omniprésente. C'est âpre, sublime, et beau.
Exceptionnel, fabuleux ... entre paradis et enfer ... un chef d’œuvre où règnent l’ambiguïté, la folie des hommes, leur déni ... mais aussi leur courage. vraiment quel dommage que ce film ne passe que dans deux salles à Paris ...
Les destins de trois personnages se croisent à un moment donné, un collabo français , une résistante d'origine russe et un officier SS allemand. Chacun s'exprime devant la caméra, non pour se justifier mais pour raconter son histoire. Jules, Olga, Helmut, leurs histoires individuelles n'ont rien de banal. Tout commence dans les années trente quelque part en Toscane dans une résidence des vacances où la jeunesse aisée s'adonne à la joie de vivre. Ce souvenir de bonheur est d'une cruauté monstrueuse lorsqu'on se retrouve dans un camps de concentration. Quel est donc ce paradis auquel tout le monde aspire sur terre. Filmé en noir et blanc, ça contribue à donner plus d'authenticité à la reconstitution de cette époque. En noir et blanc, comme « Le chagrin et la pitié » ou « Rome, ville ouverte ». J'ai trouvé quelque chose d'humainement touchant et désespéré dans les trois personnages. Le ton est toujours juste pour nous faire réfléchir à cette tragédie que les uns ont subie et les autres ont infligée à leurs semblables. C'est un vibrant hommage à l'humanité, d'une grande sobriété et d'une beauté monumentale.