L'objectif est simple, prendre une histoire d'apparence simple pour en faire un thriller complexe, quitte à enchaîner les twists, c'est ce que propose Contratiempo, qui rentre directement dans le vif du sujet et ne laisse guère de répit.
Scénariste et réalisateur, Oriol Paulo opte pour une narration en flash-back et fait en sorte que l'histoire au cœur du film ait plusieurs points de vue différents. Il met peu à peu en place les éléments de son récit, sachant prendre son temps pour le présenter puis pour mettre en scène les personnages, dont seul le protagoniste sera vraiment détaillé. Autour de lui, ils apparaissent comme des pions, des potentiels coupables ou victimes et il n'y a pas besoin de les développer pour ce qu'il en fait, l'important, la pièce centrale, c'est l'accusé en question.
Cette astuce lui permet de dissimiler les doutes et soupçons sur tout le monde ou presque, moins on les connaît, plus c'est facile de les voir en potentiels coupables. L'atmosphère va avec, c'est de plus en plus prenant, assez suspicieux, et pendant une grande partie du film, Oriol Paulo donne une leçon d'efficacité. Ce qui est dommage, c'est surement la multiplication de twists, si les premiers fonctionnent bien, car gardant une certaine crédibilité par rapport à ce qui est raconté, le dernier perd cet aspect-là. Sans être préjudiciable, du moins pas totalement, c'est tout de même remarquable vu ce que l'auteur avait réussi à montrer jusque-là.
Contratiempo fonctionne aussi grâce à son cadre, le bureau bourgeois où se déroule le rendez-vous, ainsi que le cadre naturel et froid lorsque l'histoire est racontée. Oriol Paulo montre qu'il a de nombreuses bonnes idées, et parvient à les mettre en scène, se fiant avant tout à son protagoniste, très bien, et sobrement, interprété par Mario Casas. L'influence d'Hitchcock est visible et plaisante, et la tension qui monte au fur et à mesure nous tient en haleine tout le long du film.
En signant Contratiempo, Oriol Paulo instaure peu à peu un climat de doute et sous tension, centralisant son intrigue autour d'un protagoniste mal barré, et créant le doute sur tous les personnages l'entourant, pour une œuvre qui finira par abuser en twist, mais pas au point d'en oublier les qualités et réussites.
Merci Eugénie !