J’ai beau être plutôt fan du Palmashow (Grégoire Ludig et David Marsais), je craignais d’être déçu par leur passage sur grand écran... surtout au vu de la bande-annonce pas forcément époustouflante qui était censée nous mettre l’eau à la bouche. Le duo signe, pourtant, une excellente comédie qui confirme tout leur talent, que ce soit du point de vue de l’écriture, de la mise en scène ou de l’interprétation. Mieux, ils s’imposent (toutes proportions gardées, ben sûr) les auteurs comiques au sens du gag le plus aiguisé depuis Les Nuls et Les Inconnus. Ludig et Marsais aiment l’humour décalé et réussissent, à nouveau ici, à ne pas sombrer dans le ridicule… même dans les situations où cet écueil parait inévitable (une fois encore, la bande-annonce m’a fait très peur). Il faut les voir naviguer entre les sujets politiquement incorrects en tout genre, la Grande Histoire (le film se passe pendant la Seconde Guerre Mondiale et évoque, forcément, les classiques comme "La Grande Vadrouille" ou "La 7eme compagnie"), les vannes plus modernes
(l’énoooorme pub pour la Milice façon Carglass)
ou encore les gags aussi improbables qu’hilarants
(le gars qui a toujours un membre de sa famille quelque part, la femme faussement frigide, l’hommage qu’on n’attendait plus à Bruno Vandeli !)
. La mise en scène de Jonathan Barré (un fidèle du Palmashow) est, bien évidemment, pour beaucoup dans la réussite du film puisqu’il y insuffle son découpage, si précieux à l’efficacité du duo ainsi qu’une multitude d’idées payantes (ah, les récits en flash-backs interrompus). Plus surprenant, on en peut que saluer le sérieux avec lequel est traité la reconstitution historique du point de vue des décors et des costumes. Il est vrai qu’on a un peu perdu l’habitude des grandes comédies sur l’Occupation ces dernières années mais la piqûre de rappel est assénée, ici, avec un talent certain. Même la musique du film a été travaillée alors qu’elle parait trop souvent sacrifiée dans les comédies françaises. Le duo a, donc, bien fait les choses en soignant le fond et la forme. Et que dire du casting réuni pour l’occasion ?! On pourrait avoir tendance à ne retenir que l’impressionnante liste de caméos convoqués, de Christophe Lambert à Florence Foresti, en passant par Kad Merad, Monsieur Poulpe, Kyan Khojandi ou Jonathan Cohen. Mais, paradoxalement, ces apparitions ont souvent tendance à faire dans l’expéditif, au point qu’on regretterait presque le peu de temps leur étant accordé. Ce défaut a, néanmoins, un bon côté : il permet de faire briller davantage les seconds rôles moins connus mais époustouflants parmi lesquels Julien Pestel en détestable collabo, le génialissime Nicolas Maury en employé du service propagande un peu timide ou, encore, Alice Vial en belle du héros atypique. Et n’oublions pas l’excellent Bernard Farcy qui nous avait quand même manqué depuis "Taxi". Quant Grégoire Ludig et David Marsais, ils sont, comme toujours, parfaits dans leur complémentarité et leur timing comique. Certes, on pourra toujours faire la fine bouche avec quelques gags qui tombent parfois un peu à plat mais, dans l’ensemble, "La folle histoire de Max et Léon" est une tentative courageuse de renouer avec l’esprit des grandes comédies d’antan, couplé avec une écriture bien plus moderne. Le public n’a pas répondu à l’appel dans les proportions attendues. C’est bien dommage. Il est à espérer que cela ne viendra pas entamer les chances de revoir le Palmashow sur grand écran. Ils sont, visiblement encore beaucoup à donner !