Ouragan est un projet de longue haleine qui a commencé par un désir commun de réaliser un film en 3D sur un phénomène invisible : le vent. Cyril Barbançon, Andy Byatt et Jacqueline Farmer précisent :
"Ce fut le début de cinq années de voyages, de recherches et développements techniques, de tournage en 3D sur le terrain, suivi d’un long et complexe processus de post-production. Nous avons transporté les caméras au coeur des tempêtes, sous l’eau et dans les cieux. Nos régisseurs locaux, au Sénégal, à Porto Rico, à Cuba, aux États-Unis et nos chefs opérateurs, assistants cadreurs, stéréographes et ingénieurs du son ont joué un rôle clé. Ce n’est pas tout le monde qui veut faire partie de l’équipe d’un film qui voyage dans l’oeil d’un cyclone. Il faut des gens très particuliers pour cela."
Les défis ont été nombreux, que ce soit dans la partie artistique ou technique. L'un des plus ardus a été la logistique au moment de l'envoi d'équipes au contact des tempêtes. Les cinéastes se souviennent :
"Parfois nous avions juste une heure ou deux pour décider de les envoyer, ou non. Trouver des contacts là où nous n’étions jamais allés auparavant, faire des repérages virtuels des lieux, trouver des vols, des véhicules, des autorisations de tournage. Parfois l’équipe était partie et l’ouragan est finalement resté en mer, il n’a pas touché terre. Ou il a touché terre mais pas là où il aurait dû. Ou encore il atterrissait de nuit et les coupures de courant nous empêchaient de filmer. Et d’autres fois, l’équipe se trouvait exactement au bon endroit au bon moment. Et nous passions les prochains jours à s’inquiéter pour leur sécurité."
Après une année de mise au point de caméras et systèmes spéciaux, il aura fallu près de 300 jours de tournage étalés pendant 4 ans, dans 12 pays répartis sur 3 continents pour mener à bien le projet.
Compte tenu de la nature du projet, les choses ont parfois failli mal tourner à plusieurs reprises. A titre d'exemple, l'équipe était en train de filmer une rivière à Porto Rico lorsqu'elle fut surprise par une grosse vague qui arrivait droit sur elle :
"Toute l’équipe et le matériel de tournage se trouvaient dans le lit de la rivière; les trépieds, les caméras, la grue, les têtes à stabilisation gyroscopique. Nous avions dix secondes. Il n’y avait rien à faire. Notre régisseur local (qui était dans la rivière avec nous et qui a un sens de l’humour tout portoricain) a commencé le compte à rebours. L’eau nous tomba dessus et atteignit les épaules. Je me souviens qu’en regardant autour de moi, j’ai vu tous les membres de l’équipe se débattre pour garder l’équilibre, ne pas être emportés, essayant de maintenir leur équipement au-dessus de la tête, se démenant pour stabiliser le trépied et la tête gyroscopique. Personne ne parlait vraiment. On a réussi à sortir tout le monde et avec, tout le matériel. Les caméras étaient intactes. Nous avons juste perdu quelques petites pièces de l’équipement", se rappellent Cyril Barbançon, Andy Byatt et Jacqueline Farmer.
L'équipe de tournage a collaboré avec la NASA pour les nombreuses scènes du film se déroulant dans l'espace ainsi qu'avec des météorologues et le Centre National des Ouragans (NHC) de Miami.
La voix off du film s’inspire librement de textes méconnus de Victor Hugo, même si ce dernier n'a jamais connu d'ouragans. Lorsqu’il a écrit « Les Travailleurs de la mer », le célèbre écrivain était en exil, à Guernesey (une île Anglo-Normande), depuis près de dix ans. On pouvait voir dans ce roman à quel point la mer était une source de terreur et de fascination pour lui. L'équipe du film a été frappée par la corrélation entre les mots de Victor Hugo et ce qu'elle a pu vivre pendant le tournage du film Ouragan. Cyril Barbançon, Andy Byatt et Jacqueline Farmer expliquent :
"« La mer et le vent » était à l’origine un chapitre de son roman célèbre, qu’il a ensuite élagué, soucieux de l’intensité dramatique du récit. Le texte présente de magnifiques descriptions d’instants de tempête, sa prose redonne vie au déchainement des éléments. Selon ses mots, la tempête est « le poumon de l’infini qui souffle »."