Alors comme ça, On l'appelle Jeeg Robot serait un film de super-héros ? A l'italienne, certes, mais indéniablement influencé par le genre. On fait comment quand on déteste ce type de films, trop souvent synonymes de divertissements décérébrés ? Eh bien, on s'assoit dans son fauteuil de cinéma et on se laisse surprendre par une histoire originale, par la folle mise en scène d'un réalisateur, Gabriele Mainetti, qui s'est fait la main sur 4 courts-métrages, par l'outrance de certaines scènes, par la bizarrerie de beaucoup d'autres et enfin par son réalisme dans sa grise vision d'une banlieue romaine. C'est somme toute l'itinéraire d'un gars assez ordinaire et plutôt mal parti dans la vie qui hérite de super-pouvoirs par hasard. Ce n'est évidemment qu'un prétexte pour Mainetti qui expose une vision sociale sans concession mais d'une justesse imparable (et qui serait valable pour de nombreux pays européens) : environnement vicié, réseaux sociaux addictifs, terrorisme agissant, mafias omniprésentes ... Un tableau accablant. Où les notions de bien et de mal ne veulent plus rien dire pour des citoyens lobotomisés et accros à Youtube et ses vidéos qui font du moindre délinquant une star instantanée, le voyou en question s'intéressant d'ailleurs moins à l'argent qu'à la quête de notoriété. Quelle époque ! Et pour en revenir à notre soi-disant super-héros, ne serait-ce pas plutôt la tendresse qui lui confère de nouveaux pouvoirs, à commencer par un début d'humanité. Bref, On l'appelle Jeeg Robot, avec ses différents niveaux de lecture, mais aussi son humour goguenard et son sens du suspense, est une jolie surprise transalpine qui, contrairement aux apparences, ne peut se réduire à un genre en particulier. Et c'est la raison pour laquelle ce film sort du lot, libre et émancipé, malgré ses influences qu'il digère et domestique avec aisance.