Jeeg Robot, pour les non-initiés au manga japonais, est le personnage principal de la série animée “Steel Jeeg�, très appréciée au Pays du Soleil levant. Et si notre héros italien se fait appeler ainsi, ce n’est pas lui qui en a décidé, mais Alessia, une jeune femme un peu chamboulée qui viendra par sa tendresse changer le destin de Enzo, un mec bien… mais un peu à la ramasse.
Après quelques actions aux yeux de tous (mais surtout ceux de Youtube), la notoriété de ce “super-criminel� devient problématique. Il attire vite l’attention des autres “super-méchants� de Rome, tout particulièrement celle de Fabio – “Le Gitan� – un psychopathe en mal de reconnaissance qui essaie d’entrer dans les petits papiers de la Camorra, mafia italienne de renom. Mais la rencontre entre Enzo et Fabio ne se déroule pas aussi bien que ce dernier l’espérait.
Si On l’appelle Jeeg Robot ne cherche pas, vous l’aurez compris, à chambouler la trame classique du film de super-héros, c’est précisément dans ce cadre-là qu’il parvient à nous surprendre. Jouant de certaines figures imposées et emboîtant subtilement son récit dans une réalité politique faisant jour de problématiques actuelles (ou en tous cas contemporaines), il nous autorise à y lire des messages forts : l’attente mystique d’un sauveur, le pouvoir des nouveaux médias, la propagation des infos néfastes versus la censure des bienfaits… et bien évidemment la rédemption du sauveur (car comme le dit Oncle Ben dans Spider-Man « un grand pouvoir implique de grandes responsabilités »).
Premier film de super-héros italien, On l’appelle Jeeg Robot a tous les ingrédients d’un bon blockbuster américain – des Batman version Burton ou Nolan, aux Spider-Man de Sam Raimi, et autres Deadpool – à cela près qu’il n’en est pas un ! Sa touche en plus, c’est bien entendu le charme et la désinvolture d’une écriture très italienne, héritée des plus belles prouesses de cinéastes de premier plan comme Daniele Luchetti (Mon frère est fils unique) ou Michele Placido (Romanzo Criminale), et de l’âge d’or de la comédie populaire. A la fois film fantastique, polar mafieux et thriller haletant, on n’avait pas ressenti un tel vent de fraîcheur depuis The Dark Knight.
Au delà d’être un film d’action qui fonctionne parfaitement sur les codes d’un genre déjà bien rôdé, la folie du Gitan, l’humour de Jeeg, la touchante bizarrerie d’Alessia et la virtuosité d’écriture créent l’originalité et font de On l’appelle Jeeg Robot la prouesse super-héroïque qu’il nous manquait en Europe.