Prestation époustouflante de trois grandes comédiennes, mais surtout de l'immense Rachel Weisz, au talent trop souvent sous-exploité dans des seconds rôles de faire-valoir du héro masculin. Si ce film a bien une qualité, c'est d'avoir su lui donner un rôle à sa mesure, une interprétation très fine, très juste, d'un personnage complexe, intelligent, profond, passionné, contrastant terriblement avec le rôle simpliste et caricatural de la reine (et pour lequel Olivia Colman a donc eu un Oscar, puisse que souvent pour avoir un prix il faut jouer la caricature). Malheureusement les compliments vont s'arrêter là.
Sous couvert de féminisme ce film donne en réalité une très laide image du pouvoir de femmes, cruauté, trahison, violence, voici des personnages qui ne connaissent pas une once de sentiment humain, même l'amour est remplacé par le désir, la manipulation, la dépendance. Alors que les hommes sont bien braves, un peu crétins, mais poussés par de nobles sentiments, mues par la cause commune (le bien du peuple, de la nation,...), les femmes n’obéissent qu'à leur égoïsme et leur individualisme. Et ce n'est pas moi qui invente ces comparaisons, le film s'en amuse explicitement tout du long : les femmes massacrent les pigeons, martyrisent les lapins, quand les hommes bichonnent les canards et les chevaux. Les femmes séduisent pour manipuler, les hommes séduisent quand ils sont amoureux. Les femmes veulent le pouvoir pour s'enrichir, les hommes pour défendre leurs semblables. Les femmes veulent la guerre, les hommes, quand ils ne préfère pas la paix, font la guerre pour obéir aux femmes. La seule femme qui sort de cette confrontation sexiste est la reine, mais hésitante chronique, elle ne sait pas choisir, ne sais pas décider, ne sait pas se faire respecter, elle est représentée en loque humaine, un esprit faible dans un corps décadent.
Bref n'allez pas croire que c'est un film féministe, c'est tout le contraire. Ce film est une diatribe du pouvoir au féminin, excessivement misogyne.
Le scénario est simple, sans originalité, il aurait convenu à un court métrage. On a déjà vu mille fois ces jeux de pouvoir, ces bals de cours, ces mascarades de perruques poudrées,... Alors pour combler les deux heures de ce film ennuyeux, on nous sert de longue scènes inutiles et répétitives, froides et cyniques.
Parlons de l'image, cherchant à imiter le peintre Vermeer et le cinéaste Greenaway, l'image est très réussie, mais reste dans la superficialité, l’esthétisme creux de la performance. Jamais on atteint la profondeur d'un « Baby of Mâcon » et pourtant on sent l'influence. Presqu'un plan sur quatre est tourné en grand angle donnant l'impression de regarder à travers un œil de bœuf. Ce voyeurisme n'a absolument aucun intérêt.
En conclusion nous voici en face d'une performance, violente et excessive, misogyne et superficielle. Si Rachel Weisz avait eu l'Oscar j'aurai pu dire que ce film avait servi à quelque chose. Il n'a servi qu'à m'ennuyer durant deux heures. Dommage.