Seconde véritable claque de cette année cinématographique, après le merveilleux "Moonlight", "Get Out" nous permet, en additionnant simplement "1 1" (Barry Jenkins Jordan Peele, en l'occurrence), d'affirmer que le cinéma "afro-américain", comme ils disent, est en train d'exister, et pas qu'un peu. Il est même en train d'en remontrer aux vieux blancs confinés dans leurs clichés. Oui, une claque, et ce, dès la scène d'ouverture, remarquable, étonnante, d'une superbe complexité, qui explicite subtilement le programme du film à venir : critique sociale retournée comme un gant (les beaux quartiers blancs sont terrifiants pour les blacks), humour, angoisse, violence brutale. Le mélange de genres, on le sait, n'est pas une spécialité US (plutôt coréenne...!), et il est indéniable que "Get Out" marque beaucoup de points en nous laissant longtemps hésitants devant ce que nous sommes en train de voir : pamphlet politique ? comédie grinçante dans la lignée des traditionnelles découvertes de la famille des beaux parents ? thriller paranoïaque (pas si loin du malaise des meilleurs Polanski, par exemple) ? bon vieux film fantastique avec savant fou et expériences démentielles ? Oui, oui, oui, tout cela à la fois. Qui plus est, chacune des facettes du film est totalement réussie, jusqu'aux scènes de violence impitoyables qui concluent le film de manière morale - car la violence, pour être cathartique, est tout sauf excitante, elle juste insupportablement "sale". Brillamment dirigé, constamment inventif (je pense notamment aux scènes "oniriques" tellement casse-gueule et ici remarquables), excellemment interprété, "Get Out" pourrait être considéré à la foi comme un jalon sur la route de la domination du cinéma US par les Afro-Américains, et aussi comme une nouvelle œuvre-clé dans le domaine tant laissé en jachère du fantastique. On se contentera de dire que "Get Out" est une expérience de Cinéma complètement satisfaisante.