Get Out est différent, il change de ce qu'on a vu auparavant.
Juste avant que la séance ne commence, je me tourne vers un de mes proches qui exècre les films d'horreur et lui annonce qu'il s'apprête à en voir un. "Tu m'as pas fait ça ?" me lance-t-il. À présent, je pourrais lui répondre que non, je ne lui ai pas fait ça. En effet, Get Out se place à mi-chemin entre le thriller et l'épouvante, bien que le premier registre prenne plus d'ampleur que le second. Je n'ai pas ressenti le grand frisson, je n'ai pas vraiment eu peur, ce film ne m'a pas glacé le sang comme je m'y attendais bien que la tension soit bien maîtrisée.
Le film est long, le scénario peine à avancer. À moins qu'on ne considère ces longueurs comme des atouts pour rendre l'atmosphère plus pesante encore, le film est raté de ce côté-là. L'histoire piétine, malgré tout on s'y accroche et ça en vaut la peine. Mieux vaut ne pas trop réfléchir à la trame et se laisser absorber par l'ambiance. Le style au niveau du montage et de la façon de filmer reste discret et n'influe pas beaucoup sur le résultat final.
Les acteurs sont très bons, une excellente surprise concernant le casting méconnu mais non moins compétent. Daniel Kaluuya (Chris Washington) livre une performance étonnante, mais mon coup de cœur va à Allison Williams (Rose Armitage) tant pour son personnage que pour son interprétation très juste. Et c'est sans parler de Catherine Keener (Missy Armitage), Bradley Whitford (Dean Armitage), Betty Gabriel (Georgina, particulièrement impressionnante) et j'en passe...
Le film traite des sujets qui sont encore d'actualité. Le racisme est à nouveau dénoncé par le comportement des gens envers le personnage principal. Tout d'abord ce n'est pas un racisme violent auquel on assiste, plutôt celui qu'on pratique encore aujourd'hui, au quotidien. Il n'est pas agressif, il consiste à ne pas traiter les personnes de couleur comme nos semblables, à les considérer non pas comme inférieurs, mais comme différents. Je pense que nous devons les intégrer complètement jusqu'à ce que la couleur de peau ne soit plus ni un sujet de conversation, ni une inquiétude, ni une question (ce qui ne veut pas dire qu'il doit devenir un tabou). Un homme de couleur ne devrait plus se préoccuper du regard des autres sur lui, même si ce regard n'est pas critique, car il ne devrait pas y avoir de regard du tout. Plus tard dans le film, le racisme est poussé à son apogée, on nous rappelle ce que les gens de couleur ont vécu et on le transpose avec succès à notre époque. Très réussi. Le film traite de pleins d'autres sujets, mais j'ai trouvé que le racisme était celui qui ressortait le plus.
L'atmosphère pesante du film est excellente. On est immergés dans une ambiance de malaise traduite par des comportements plutôt que par des faits. Le tout est perturbant, dérangeant, et dès le début du film le tension est installée : elle dominera jusqu'à la fin, lourde mais pas trop car entrecoupée et aérée par des scènes assez drôles offertes par le personnage de Rod. Le tout est hyper bien maîtrisé, une angoisse continuelle clôturée par des scènes violentes à la limite du gore. Le film enchaîne les twists et les surprises, les révélations sont claquantes et les éléments permettant de comprendre l'intrigue dans on ensemble sont livrés petit à petit, on est dans constamment dans le flou et ça ne rend le film que meilleur.
La fin est surprenante, le moment où le gibier devient le chasseur et le chasseur le gibier est assez incroyable.
La conclusion ne ressemblait pas à celle que j'attendais, mais tant mieux après tout.
Get Out est un très bon film dont l'atmosphère tendue du début à la fin est très réussie. Malgré des longueurs, le scénario est bien ficelé car les twists sont bien exploités et gérés. La fin plait ou pas, en tous les cas elle est inattendue mais bien moins que le film en lui-même qui est une très bonne surprise. Plein de nouveauté, il casse les codes et aborde des problèmes sociaux avec subtilité, tout en nous donnant à réfléchir pendant et après visionnage.