Thriller horrifique des plus captivants, Get Out a comme protagoniste Chris, un jeune photographe afro-américain vivant un parfait amour avec Rose, une jeune blanche qui va le présenter pour la première fois à sa famille lors d’un week-end dans leur grande maison à la campagne. C’est non sans appréhension qu’il accepte de rencontrer sa belle-famille, en raison des réactions que pourraient susciter sa couleur de peau. S’il est dans un premier temps fort bien accueilli, la grande propriété recèle une atmosphère de plus en plus pesante, à commencer par le regard méfiant du jardinier et de la femme de chambre, seuls noirs présents dans le domaine. Lors de sa visite du domaine, le père de Rose ironise d’ailleurs sur le cliché de la situation comme quoi une famille de blancs n’a que des domestiques noirs, bien que sa première provocation, qui fut de les remercier d’avoir
renversé une biche sur la route car ce genre d’animal dégraderait le cycle naturel
, posait déjà fortement question.
Tout porte à croire qu’il s’agit là d’une famille normale, mais malgré les efforts de Chris pour supporter des comportements étranges, il arrive un moment où il se pose de sérieuses questions, notamment après sa discussion avec le frère de Rose, qui l’emmenait vers les sports de combat et les avantages morphologiques des noirs. Son père avait même poussé encore plus le bouchon en parlant de soi-disant supériorité de la race aryenne selon Hitler, tout en précisant que ce dernier avait dû supporter la victoire d’un athlète noir dans les années 1930 et que c’était bien fait pour lui. Le film parvient à maintenir une tension de plus en plus forte sans qu’il devienne évident de comprendre ce qui se trame. La réception du dimanche est d’autant plus troublante que tout le monde semble porter son regard sur Chris comme s’il s’agissait d’une bête de foire.
Get Out commence d’ailleurs à porter tout son sens lorsque le seul invité noir, étrangement en couple avec une femme beaucoup plus âgée que lui,
se rue sur Chris alors que ce dernier le prenait en photo et oubliant malencontreusement de retirer le flash, lui criant étrangement de déguerpir en vitesse avant de rapidement revenir à lui
. Si le scénario baigne dans un certain réalisme, le paranormal a quand même une petite présence, entre l’hypnose que pratique la mère de Rose et les pratiques secrètes de la famille. L’espèce de loto auquel ils se livrent tous rappelle d’ailleurs fortement la lobotomie pratiquée dans A cure for life. Si le réalisateur aurait pu aller encore plus loin dans son idée, le simple fait de penser que
des blancs plus ou moins âgés puissent être tentés par transposer leur cerveau et donc une grande partie de leur esprit dans le corps d’un noir juste pour voir comment ces derniers perçoivent le monde
est assez génialement glauque.
Les acteurs jouent particulièrement bien, notamment Daniel Kaluuya que ce soit dans sa sérénité ou dans son inquiétude, et Allison Williams pour
son changement radical de personnalité lorsqu’elle lui fait comprendre qu’ils ne partiront pas d’ici
. Le film aurait pu
mal se terminer pour Chris, qui aurait alors fini comme tous les autres
, mais le réalisateur a choisi un dénouement plus
sanglant avec la survie réussie du héros qui s’échappe alors de l’antre du mal
, tout aussi classique dans le fond, mais rudement bien mené. Si le sujet du film pouvait paraître raciste de très loin, il n’en est absolument rien grâce à la
discrimination positive
qui est établie sur les noirs, ce qui donne au scénario un cachet particulier, prenant même de revers une soi-disant
supériorité des blancs sur les noirs
. Une grande réussite !