La réalisatrice Stéphanie Di Guisto s’est inspirée de l’œuvre de l’écrivain italien Giovanni Lista pour sortir de l’oubli le personnage de Loïe Fuller (1862 – 1928) qui va devenir la gloire des cabarets parisiens de la Belle Epoque jusqu’à danser à l’Opéra de Paris. Pionnière de la danse moderne, cachée sous des mètres de soie, les bras prolongés de longues baguettes de bambou, Loïe réinvente son corps sur scène et émerveille chaque soir un peu plus, inventant sans cesse , utilisant les éclairages naissant pour jouer avec la lumière…Elle s’y brisera le dos, se brulera les yeux à la puissance des éclairages…Sa rencontre avec Isadora Duncan, qu’elle prend dans sa troupe de danseuses, jeune prodige avide de gloire, adepte d’un retour au modèle des figures antiques, d’une plus grande liberté du corps, osant s’exhiber presque nue, nimbée de voiles vaporeux , va précipiter sa chute en ce début du 20ème siècle...Les scènes de danse sont des moments magnifiques , la réalisatrice a choisi de retranscrire cette danse, ce déploiement du papillon, sans trucage, dans les conditions de sa création…ce sont des moments magiques, soutenus par des extraits musicaux éclatants…ces jeux de lumière contraste avec l’atmosphère plutôt sombre des autres scènes, tournées dans l’obscurité ou la pénombre d’appartements à la décoration chargée…Loïe est accompagnée par Gabrielle (Mélanie Thierry) , à la fois amie, confidente et mentor, tantôt ferme (elle tient les cordons de la bourse), tantôt douce et apaisante. La réalisatrice n’a pas voulu reprendre la liaison amoureuse que Loïe et Gabrielle avaient nouée dans la vie réelle…elle a introduit, un dandy souffreteux et éthéromane, Louis, Comte d’Orsay ( Gaspard Ulliel) dont la relation trouble qu’il noue avec Loïe n’apporte pas grand-chose au film…Soko, joue une Loïe Fuller, sûre d’elle, sûre de ses choix esthétiques, chargée d’une extraordinaire énergie, éprouvant son corps plus comme une athlète qu’une ballerine et qui va se retrouver broyée par tous ces accessoires qu’elle introduit dans son jeu…Isadora Duncan, (Lily-Rose Depp) , plus jeune, plus lumineuse annonce une nouvelle époque…Stéphanie Di Guisto nous donne là un film envoutant, voué à la beauté…un film de femmes, où les hommes restent de simples spectateurs…