C'est le genre de film qu'on aurait aimé aimer. Ben non.....pas tant que ça.
On aurait aimé l'aimer, parce qu'il ressuscite une figure de la danse intrigante, atypique et qui a ouvert la porte à la danse moderne.
Et parce que c'est chouette qu'une jeune réalisatrice, Stéphanie Di Giusto, s'intéresse à un sujet aussi peu commercial! Et enfin parce qu'il y a vraiment une recherche de l'image forte, du cadrage percutant qui lui laissent espérer une belle carrière. Exemple: Loïe Fuller a passé sa jeunesse avec son père dans l'Ouest sauvage. Mais papa parle trop.... sa mort est montrée par l'image d'une baignoire percée de trois gros trous par où s'écoule une eau savonneuse.... et rouge; eh bien, en cinquante ans de western, personne n'a eu l'idée de cette image! Etonnant, non?
Pourquoi diable avoir choisi Soko, si peu gracieuse, avec ce corps solide et même plutôt hommasse, pour interpréter une danseuse? Eh bien, paradoxalement, parce qu'elle ressemble beaucoup à la vraie Loïe, aussi bien de visage que de corps. C'étaient ses voiles, et cette silhouette exagérée par les tiges de bambou qu'elle tenait et qui prolongeaient ses bras, qui créaient la magie; mais mademoiselle Fuller avait bien l'allure d'une fille poussée à coups de biftecks de cow boy....
Donc, le film nous raconte comment une fille sortie de nulle part invente un certain type de danse qui n'avait rien à voir avec ce qui se pratiquait sur scène. Comment elle pense à utiliser des miroirs, des projecteurs pour faire des effets de couleur dans ses voiles -toutes choses qu'elle a fait breveter d'ailleurs!! A noter qu'il y a une courte scène de danse absolument magnifique. Comment elle vit avec une obsession absolue de se produire, entre un amoureux transi, comte et éthéromane (Gaspard Uriel, qui est de tous les films en ce moment, mais qui a vraiment l'air de se demander ce qu'il fait là, à part veiller à ce que sa fausse moustache ne se décolle pas) et une amoureuse transie (Mélanie Thierry) qui veille sur elle comme sur du lait au feu. Hélas débarque dans sa vie et dans sa petite troupe Isadora Duncan, celle qui allait devenir la scandaleuse Isadora Duncan, qui va lui voler la vedette, mais pour qui le coeur de la pauvre Loïe va se mettre à battre très fort.... en dépit de son indiscipline et de son insolence... c'est Lily-Rose Depp, que ses minauderies et ses mimiques rendent absolument insupportable. Mon Dieu, une tête à claques pareille, personne ne l'aurait gardée! Dans les bons points de la distribution, François Damiens, qui est de tous les films en ce moment, et qui incarne le directeur de l'Opéra.
Alors, pourquoi ça ne fonctionne pas? Pourquoi très vite on s'ennuie? Je ne sais pas. Mais on en a vite assez de Loïe et ses yeux de lapin russe -elle ne supporte pas les projecteurs, de Loïe et son dos en miettes -elle n'en peux plus de porter ses bâtons, pourtant quand on voit la robuste Soko, on se dit qu'elle doit être capable de manier des baguettes lestées de plomb.... de Loïe dans ses bains de glace, de Loïe soupirant après Isadora...... de Loïe aguichant puis repoussant le malheureux Louis....On n'arrive pas à se passionner, ni à rentrer vraiment dans le film. Qu'aurait il fallu? Des acteurs avec plus de charisme? Un parti-pris moins larmoyant?
En plus, on ne sait pas trop ce qui est historique et ce qui est affabulé (en particulier en ce qui concerne les relations entre les deux danseuses).Néanmoins, ça reste un film très regardable; mais on ne m'ôtera pas de l'idée qu'avec la même réalisatrice et le même thème.... on aurait pu faire mieux!!!