C'est pae par un mélange très réussi de comédie décalée et de roadmovie qu’Eric Gravel a choisi d’aborder le sujet, par ailleurs très sérieux, des délocalisations, le symbole peut-être le plus visible d’un monde économique qui, pour le réalisateur, est devenu totalement fou et dont l’indécence le met souvent en colère. Un monde économique infernal, donc, mais qui, paradoxalement, par ses excès, peut présenter l’intérêt d’ouvrir petit à petit les yeux à des personnages comme Aglaé. Le trio de comédiennes qu’il a réuni pour interpréter les rôles d’Aglaé, de Liette et de Marcelle s’avère très convaincant. Il faut dire que choisir Julie Depardieu et Yolande Moreau pour des rôles décalés ne présentait pas un risque énorme ! India Hair, on connaissait moins, malgré ses prestations passées dans une douzaine de films, dont celle, très remarquée dans Rester vertical d’Alain Guiraudie. Bingo ! Dans ce rôle d’Aglaé, une jeune femme « prête à accepter un boulot de merde en Inde plutôt que de se remettre en question » et qui, grâce à ce choix, arrivera finalement à s’apercevoir qu’elle a « plus en commun avec un indien transgenre qu’avec son voisin de palier », elle est superbe. Superbes aussi, les paysages du Kazakhstan, bien mis en valeur par la photographie de Gilles Piquard.