Tito et les Oiseaux trouve son origine dans la ville des réalisateurs, São Paulo, surnommée la "ville des murs", en raison des nombreuses clôtures et barbelés érigés par la population effrayée. Comme une maladie contagieuse, la peur a en effet contaminé peu à peu les habitants et s'est intensifiée sous l'effet des excès de connexions et de l'hyperactivité qu'ils engendrent. Les metteurs en scène expliquent : "Et, au nom de la peur, les gens construisent des murs pour se protéger d’autres personnes, commencent des guerres, élisent des dirigeants autocratiques… Le rêve d’une société démocratique est en train de s’effondrer, non pas à cause de dangers réels qui peuvent être combattus, mais à cause de dangers imaginaires. Je trouvais intéressant de mettre en scène cette idée de la peur, notamment pour les enfants qui devront trouver un moyen de sortir de ce gâchis que nous avons créé pour eux."
Les pigeons et les colombes tiennent un rôle important dans le film et plus largement dans le paysage urbain réel. S'ils sont rejetés car porteurs de maladie, ils occupent pourtant une place privilégiée dans l'imaginaire contemporain : la colombe blanche comme symbole de paix, les pigeons-voyageurs, ...
L'un des défis de Tito et les Oiseaux a été de faire un fim qui s'adresse autant aux enfants qu'aux adultes. Eduardo Benaim explique : "La première question que nous nous sommes posée était de savoir comment aborder notre culture de la peur, de la ségrégation sociale et de la sécurité privée du point de vue des enfants. Puis, il nous a fallu se pencher sur la problématique de trouver comment transformer un genre éminemment adulte - le film dystopique apocalyptique - en une vision pleine d’espoir pour les enfants !"
Tito et les Oiseaux emploie des animations numériques et de la peinture à l'huile, inspirées par le mouvement expressionniste européen du début du XXème siècle. Gabriel Bitar revient sur le processus en détail : "Par exemple, nous avons photographié des coups de pinceau à la peinture à l’huile, que l’équipe numérique intégrait à ses animations. Puis, des textures et des traits de peinture étaient encore ajoutés afin d’améliorer l’ambiance lumineuse, les ombres et d’autres effets comme la fumée, le feu, etc." L'équipe a également joué sur un effet de distorsion : l'arrière-plan est de plus en plus déformé au fur et à mesure que l'épidémie se propage. André Catoto précise : "On s’est inspirés de nombreuses personnes réelles pour les personnages, la gestuelle d’un voisin, la façon d’écrire d’un professeur, etc. L’expressionnisme allemand a directement inspiré l’esthétique du film, que ce soit avec des peintres comme George Grosz et Karl Schmidt-Rottluff, ou dans le cinéma où il y avait cette habitude de déformer les arrière-plans et les personnages. Par exemple, je me suis penché sur le maquillage utilisé pour générer ces déformations, notamment autour des yeux, qui transmettent un léger inconfort, entre fatigue et peur".