Il existe depuis plusieurs années une tendance déplorable qui consiste à traduire en français les paroles des comédies musicales.
Au cinéma ou dans les versions françaises en DVD-Bluray, les paroles prononcées par les artistes disparaissent au profit de traductions souvent approximatives, les sonorités des paroles ayant bien sûr un rôle à jouer dans leur accord avec la musique.
Le jour où j’ai entendu Fred Astaire (ou plutôt son doubleur), dans le magnifique film Tous en scène (The band wagon) chanter en français : « Du cirage sur mes chaussures », au lieu de « A shine on my shoes », j’ai pensé que l’on avait atteint là le fond. Regarder un film en vo est donc la meilleure option pour éviter ces désagréments et profiter de bout en bout du talent des acteurs que l’on voit évoluer à l’écran.
Le retour de Mary Poppins, version française, souffre hélas de ce défaut.
L’ensemble du film est agrémenté de chansons dont les paroles françaises heurtent parfois l’oreille, car semblant peu adaptées ; Des diverses mélodies qui animent le film – et elles sont assez nombreuses -, seules deux se retiennent réellement, la chanson sous la mer : A-t-on jamais vu ça ? (Can You Imagine That?) et la chanson Votre jour de chance ((Underneath the) Lovely London Sky) du début et de la fin du film.
Mieux vaut donc certainement, voir le film en vo, plaisir que je n’ai, hélas pas eu.
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En proposant de faire revenir à l’écran le célèbre personnage de Mary Poppins, Rob Marshall et son équipe ont pris un risque majeur, car comment succéder à la lumineuse et talentueuse Julie Andrews dans ce rôle ? Afin de ne pas trop heurter la sensibilité des nostalgiques, il a ainsi été décidé de proposer, non pas un remake, mais une suite à l’histoire. Lorsque l’on sait que les aventures romancées de Mary Poppins comportent 8 romans, concevoir une nouvelle histoire semble être une belle idée.
Il s’agit donc de faire revenir, quelques 20 ans après notre héroïne, au 17 Allée des Cerisiers, retrouver la famille Banks. Les parents disparus, Michael, qui est veuf, occupe la maison avec ses trois enfants. Il est artiste peintre – on ne sait pas trop à quels moments – et travaille dans la même banque que son Père, jadis. Jane, restée célibataire, est suffragette – c’est tout ce que l’on sait d’elle – et vient souvent s’occuper des enfants, afin d’aider son frère.
Vingt ans après la 1ère histoire (et plus de cinquante ans après le film d’origine), Burt-Dick Van Dyke étant devenu moins agile pour grimper allumer les réverbères et se promener sur les toits avec ses amis ramoneurs, son personnage est remplacé par un jeune collègue, Jack, qui devient le soupirant de Jane.
La délicate mission de reprendre le rôle de Mary Poppins a été confiée à la belle et talentueuse Emily Blunt qui montre ici ses talents pour la comédie musicale bien que sa Mary Poppins se révèle certainement trop hautaine et pas vraiment attachante.
Lin-Manuel Miranda, compositeur de chansons de comédies musicales, notamment, interprète le rôle de Jack avec talent, faisant preuve d’une belle présence dans les numéros chantés et dansés. Il est certainement la meilleure surprise et interprétation du film.
Du côté des jeunes acteurs, on retiendra surtout l’adorable personnage de Georgie, joué par le jeune Joel Dawson, bien meilleur acteur que ses deux aînés et même que les deux enfants -acteurs du film d’origine.
Un peu égaré dans le film et ne semblant pas trop concerné, Colin Firth a été appelé pour offrir un nom plus connu au casting. Il lui a été confié un rôle de méchant assez minable, le vilain banquier qui veut mettre la main sur la maison des Banks. Son talent est totalement et scandaleusement sous-exploité.
Venons-en à présent au problème principal du film, celui de n’avoir pas réellement réussi à se faire un nom. Respectueux du film de Stevenson, Marshall et son équipe ont ainsi conçu leur film comme un hommage de bout en bout, attentifs à rappeler au public les divers personnages (comme l’Amiral Boom qui n’a guère vieilli et qui continue à faire tirer le canon par son mousse à chaque heure de la journée, depuis le toit de la maison voisine), à lui faire retrouver les divers univers (le monde en dessin animé, le monde des ramoneurs, Londres dans le brouillard, la banque…) sans chercher à proposer une histoire originale.
Soyons honnêtes, la première version ne proposait certainement pas une histoire des plus consistantes, mais le plaisir de la découverte palliait bien certainement ce défaut.
Techniquement bien fait et visuellement très beau, le film offre cependant de très belles séquences comme celle sous et sur la mer, après le plongeon des enfants dans la baignoire ou encore la jolie promenade dans le monde de porcelaine. Les chansons et numéros s’enchaînent pour notre plus grand plaisir. Il conviendra donc au spectateur nostalgique d’oublier la comparaison avec le 1er film de Mary Poppins bien que, je suppose, beaucoup auront comme moi, senti un petit frisson de joie, en voyant surgir Dick van Dycke pour un petit hommage final.