Entre deux bâillements désolés face au triste spectacle de deux comédiens has-been, dans le rôle de deux comédiens has-been qui tentent une fois de plus de monter une tournée de chanteurs has-been, j’ai inexplicablement songé à la fameuse recette du clafoutis à la merde : on a beau se dire qu’il y a du boulot derrière, une volonté de bien faire, peut-être même une certaine forme de savoir-faire, il n’en reste pas moins que la recette reste à base de merde et qu’il n’y a vraiment aucune chance que ce soit mangeable. Ni dans cette dimension ni dans une autre, un ‘Stars 80’ bis ne pouvait donner le moindre résultat dont on aurait éventuellement pu se satisfaire. Evidemment, le premier film était déjà remarquablement mauvais mais enfin, il demeurait possible de nourrir une vague curiosité pour le concept d’une tournée de ringards dans un film, qui avait généré comme produit dérivé une tournée de ringards dans la vrai vie, et pour l’incrédulité qui pouvait naître de prestations de de Cookie Dingler, Emile & Images ou Jean-Luc Lahaye filmés comme s’ils étaient Deep Purple au Madison square garden. Cette unique et maigre source de plaisir dévoyé, ‘Stars 80, la suite’ fera l’impasse totale dessus, tenez-le vous pour dit ! En termes strictement musicaux - car la variétoche reste, techniquement du moins, de la musique - on aura droit en tout et pour tout à trois minutes de Kool & The Gang et à trois minutes d’un vieux monsieur qui grommelle et qui doit être Renaud. Pour le reste, on finirait presque par préférer les pantomimes piteuses de ces chauffeurs de salle, dont l’actorat n’est après tout pas la vocation première, au suicide artistique en direct perpétré par Timsit et Anconina, autrefois acteurs populaires appréciés, ici empêtrés dans des péripéties même pas dignes d’un strip de Pim, Pam & Poum auxquelles un sursaut de correction langagière m’interdit d’accoler le qualificatif d’humoristiques. Quand on sent, au début d’une soirée cinéma, qu’on n’est même pas à vingt minutes du premier accès de somnolence, avoir ce genre de films en rayon est toujours un bon plan, et on peut même dire qu’ils s’en sortent finalement mieux quand on en rate les deux tiers. Mieux vaut encore se taper le DVD de la tournée des Enfoirés : comme ces derniers véhiculent malgré tout une finalité sociale, la souffrance qu’on éprouve semble moins vaine. Peut-être même plus digne.