Bob le flambeur : les secrets du tournage

Le film est tourné en 1955, mais le scénario de Bob le flambeur a été écrit cinq ans plus tôt. Jean-Pierre Melville veut réaliser un film au sujet du hold-up du Casino de Deauville. Mais la sortie en décembre 1950 de Quand la ville dort de John Huston, sur un thème proche, le conduit à renoncer, provisoirement, à ce projet.

Avec Bob le flambeur, Jean-Pierre Melville réalise son premier film policier, genre dans lequel il s'illustrera par la suite avec des oeuvres comme Le Doulos et Le Samouraï. Sorti quelques mois après d'autres films de gangsters à la française, en particulier Touchez pas au grisbi de Jacques Becker, et Du rififi chez les hommes, de Jules Dassin, qui ont obtenu un grand succès public, Bob le flambeur reçoit un accueil mitigé.

Le rôle-titre est interprété par Roger Duchesne. Dans les années trente, cet acteur interprète beaucoup de seconds rôles, mais sa carrière est interrompue après les accusations de collaboration dont il fait l'objet pendant la Seconde Guerre Mondiale. Il fréquente ensuite le Milieu, c'est une des raisons pour lesquelles il est choisi par Jean-Pierre Melville pour Bob le flambeur, un des très rares films qu'il tournera après la Libération.

Jean-Pierre Melville ne se contente pas d'être le réalisateur de Bob le flambeur. Comme on peut le voir au générique, il en est également le scénariste, adaptateur, commentateur, décorateur et directeur de production.

Jean-Pierre Melville est une référence pour les cinéastes de la Nouvelle Vague qui, au moment de la sortie de Bob le flambeur, s'apprêtent à tourner leur premier long-métrage. Jean-Luc Godard rend hommage au cinéaste en lui offrant le rôle, initialement prévu pour Roberto Rossellini, d'un écrivain interviewé par le personnage qu'interprète Jean Seberg, dans A bout de souffle. Melville donne également des conseils à Godard pour ce film qui a pour héros un petit truand. Il sera également consulté par Claude Chabrol juste avant le tournage du Beau Serge. Chabrol est à l'époque l'auteur d'une critique très élogieuse de Bob le flambeur dans les Cahiers du cinéma. A propos du film, il déclarera à ce même journal, en 1996 : "Je persiste et signe : c'est un film exceptionnel qu'il faut étudier longuement pour voir le mystère du cinéma.

C'est une nouvelle fois Henri Decaë qui a été choisi comme directeur de la photographie par Jean-Pierre Melville, qui l'avait fait débuter en 1947 pour Le Silence de la mer. Le travail de Decae sur Bob le flambeur est très remarqué. Le chef-opérateur est alors sollicité par la jeune génération de cinéastes. On le retrouve notamment au générique des Quatre cents coups de François Truffaut, du Beau Serge de Claude Chabrol, et d'Ascenseur pour l'échafaud, de Louis Malle.

Le scénario a été coécrit par Auguste Le Breton. Cet écrivain, ancien délinquant, est l'auteur de romans policiers adaptés par le cinéma, comme Razzia sur la chnouf, Du rififi chez les hommes, ou encore Le Clan des Siciliens. Il a également publié des dictionnaires d'argot.

Bob le flambeur est le premier film produit par Serge Silberman, qui sera également le producteur du Trou de Jacques Becker, sorti en 1960. Disparu en 2003, Silberman travaillera notamment avec Luis Buñuel et Akira Kurosawa.

On retrouve dans ce film Howard Vernon, acteur suisse rendu célèbre par son rôle dans un précédent film de Jean-Pierre Melville, Le Silence de la mer, en 1949. Il jouera également un petit rôle dans Leon Morin, prêtre.