"La confession" est une nouvelle adaptation d'un roman de Beatrix Beck, Goncourt du début des années 50. Une précédente version cinématographique de Jean-Pierre Melville avec Emmanuelle Riva et Jean-Paul Belmondo avait fait date. Nous étions alors au début des années 60.
Je me demande bien, à part un retour certain du religieux en général, ce qui a pu motiver cette nouvelle version. Franchement, cette vague histoire d'amour durant la dernière guerre mondiale entre une athée communiste et un prêtre apparaît bien gnangnan aujourd'hui. On me rétorquera, comme essaie de nous le redire le film, que les plus belles amours sont souvent platoniques. Pourquoi pas ? Soyons romantiques alors !
En regardant de plus près que voit-on ? Que lit-on derrière ces beaux plans agrémentés par deux très bons acteurs ? Encore les vieux poncifs que l'on croyait disparus ! Elle ( prénommée Barny), vit seule avec sa fille, son mari étant prisonnier en Allemagne. Comme toute les femmes du village, le manque d'homme se fait sentir. Et quand elle découvre l'abbé Morin dont toutes ses copines disent le plus grand bien, son sang ne fait qu'un tour. Il est canon ! ( Oui en 40, on parlait comme ça madame !). En plus c'est Romain Duris, cheveux longs, barbe hipster... Il ne lui en faut pas plus pour aller le narguer, opposer sa pensée de mécréante à celle du vendeur d'évangiles. Bon ça marche moyen mais, intuition féminine aidant, en essayant la conversion au catholicisme, elle pense bien pouvoir arriver à mettre le petit Jésus dans la crèche. Las, si la femme n'est finalement qu'une chaudasse prête à tout, le mâle ecclésiastique lui sait résister à l'appel de la chair ... Ca c'est du curé, bu bon, du vrai, la foi chevillée au corps !
Totalement estampillé "Bon pour le caté" et d'ailleurs sponsorisé par "Le pélerin magazine" , le film enchantera "Sens commun". La communiste vacille. Même si cette traînée rêve en fait de tâter le goupillon, la brebis est au bord de rentrer dans le bon bercail. Elle rebroussera chemin en fait ( je ne révèle rien, c'est au début du film ) mais ne sera pas arrivée à ses fins ( ouf !)! Si l'abbé avait enlevé sa soutane comme quelques confrères, sans doute aurait-il réussi... mais là, on sort du chemin balisé des histoires bien pensantes.
Nicolas Boukhrief a certes un peu dépoussiéré l'histoire. Il filme avec un certain détachement cet affrontement et parce qu'il évite presque totalement l'ambiguïté, il ne réussit pas à gommer tous les clichés qui traînaient déjà dans le roman. (Et je vous fais grâce des personnages secondaires, tous plus stéréotypés les uns que les autres). Pourtant, le film parvient quand même à ne pas être rasoir car tous les face à face entre Romain Duris et Marine Vacth, filmés en plans rapprochés et enveloppés par de légers et gracieux mouvements de caméra, sont formidables.
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