J’avais bien aimé La Isla Minima, film policier de Alberto Rodriguez qui mettait en scène un duo de policiers aux personnalités antagonistes qui devaient élucider le mystère de la disparition de jeunes adolescentes, dans une région sauvage, au milieu des marécages , le delta du Guadalquivir …un monde clos, qui vivait de petits trafics et où l’après franquisme avait du mal à s’installer...Dans Que Dios Nos Perdone, Rodrigo Sorogoyen , s’inscrit moins dans un contexte politique et social, encore que la visite du Pape Benoit XVI au JMJ de Madrid et le mouvement des indignés en constitue l’arrière plan, mais sans toutefois n’affecter le récit autrement qu’à la marge, et délaissant leur dimension politique. …Sorogoyen reprend le principe du duo de policiers que tout oppose, l’inspecteur Vélarde, interprété par Antonio de la Torre, mixed de Dustin Hoffman et de Mister Bean, affecté d’un fort bégaiement mais capable d’intuitions lumineuses, et l’inspecteur Alfaro, costaud bodybuildé, hâbleur, arrogant et bagarreur…ils enquêtent sur un tueur et violeur de vieilles dames, enquête qu’il faut taire car il ne faut pas troubler la sérénité de la visite papale…un enquêteur profileur dresse le portrait du tueur, à grand renfort de psychanalyse…un homme jeune qui est resté très proche de sa mère, qui a souffert dans son enfance du caractère castrateur de sa mère…le décor est posé…Madrid étouffe dans la chaleur, les foules de pèlerins envahissent les rues, la sécurité est omni présente …La mise en scène est nerveuse, hyper réaliste, la pellicule un peu poisseuse, lumière jaunâtre, vieux appartements madrilènes capiteux et renfermés….et que dire du casting, outre le duo d’enquêteurs remarquables, où a-t-on trouvé ces vieilles dames, martyrisées, corps séniles montrés jusque dans leur autopsie avec un réalisme pas toujours ragoutant, souligné par une musique anxiogène à souhait…certains trouveront le film malsain, triste tableau de la médiocrité humaine…personnellement j’ai été pris par le rythme, en gardant une certaine distance avec l’image, j’y ai même vu un humour…très noir et macabre !!! En tout cas après Le Caire confidentiel…quel été pour le Polar !!!!