Il est peu dire que je ne suis pas un spécialiste du cinéma espagnol, malgré une solide réputation du pays dans le registre « thriller » ces dernières années. Ma dernière incursion dans le genre était « La Isla Minima », et j'avais été déçu. Ici, la dimension politique est sans doute moins présente, mais l'efficacité est on ne peut plus au rendez-vous. Le regret principal vient de ce contexte politique bien précis à travers les importantes manifestations ou la venue du Pape en 2011, à Madrid, restant trop au second plan pour faire basculer le film dans une autre dimension. N'empêche que cette toile offre probablement à l'œuvre une intensité supplémentaire, d'autant que niveau intrigue policière et personnages, en revanche, c'est du lourd. Sombre, intense, glauque : les diminutifs ne manquent pas pour décrire cette enquête prenant parfois des allures de cauchemar, à laquelle l'ambiguïté des deux héros donne encore une force supplémentaire. Obsessionnels, bouffés de l'intérieur, frustrés... Pour des raisons différentes, les deux hommes participent activement au climat si particulier de l'œuvre, en disant long sur la solitude et les tourments de l'âme humaine, l'excellent duo Antonio de la Torre - Roberto Àlamo n'y étant certainement pas étranger. Et puis, ne nous cachons pas : c'est bon parfois d'avoir affaire à des crimes particulièrement sordides, d'autant qu'ici la cible est particulièrement originale, la personnalité du tueur en série ne générant pas de déception, fait rare. Après, on pourra toujours discuter de certains aspects moins crédibles, qu'importe : moi, ce polar sous haute tension, je ne l'ai quasiment pas lâché d'une minute : un électrochoc dans cette année cinéma un peu maussade.