Après la longue liste des polars de Pedro Almodovar, d’Alejandro Amenàbar, d’Alberto Rodriguez, d’Alex De La Iglesia, arrivent ceux d’Oriol Paulo, et d’un autre nouveau maître du genre, Rodrigo Sorogoyen. Comme toutes les œuvres de ses compatriotes pré-cités, ce film de Sorogoyen a des qualités et une portée universelles, tout en étant très représentatif du génie du cinéma espagnol. D’abord, l’humour (à condition, évidemment, de savourer, en VO, toutes ces répliques qui claquent), et puis aussi, les thèmes omniprésents dans la psyché espagnole : l’impact du catholicisme dans la culture, dans la famille, voire même dans l’actualité, [visite du Pape à Madrid] ; l’imprégnation de la mentalité machiste dans les relations conjugales, dans le monde du travail, ou encore l’homosexualité, toujours refoulée, ou fortement censurée. Outre cette richesse culturelle, le scénario que met en scène Rodrigo Sorogoyen, est à la fois palpitant, émouvant, et plein de rebondissements, dont une fin qui ébranle même les plus solides. Réalisant tout cela avec une main de maître, il parvient, avec fluidité, à marier dynamisme, léthargie, et symbolisme, tout en n‘hésitant pas à risquer des scènes longues en espaces exigus, alternées de scènes courtes en vastes espaces. Ce représentant du génie espagnol ne serait pas autant perceptible sans l’exceptionnel talent et la multiplicité de tous ces acteurs et actrices Espagnols. Ce polar est une nouvelle baffe dans la gueule à ceux qui pérorent encore béatement que notre cinéma est le meilleur d’Europe. Car cela fait bien deux décennies que le cinéma Français n’a pas produit de polar de cette qualité.