Un silence. Un silence abyssal. Un silence abyssal et des soldats qui marchent. Un silence abyssal et des soldats qui marchent dans Dunkerque.
Une péniche. Une péniche avec trois individus à son bord. Une péniche avec trois individus à son bord se dirigeant vers Dunkerque.
Un avion. Deux avions. Trois avions se dirigeant vers Dunkerque.
Le premier point de vue dure 1 semaine.
Le second 1 jour.
Le troisième 1 heure.
Mais qui sont ces individus? Je ne les connais peut être pas? D'où viennent ils et que font ils ici, à Dunkerque? Pourquoi Dunkerque?
Cela fait beaucoup de question pour un film, qui d'apparence, est si simple. Cependant, Dunkirk n'est pas réalisé par n'importe qui. Christopher Nolan a toujours eu un sacré penchant pour les histoires complexes.
Il a donc raconté une histoire anecdotique dans un évènement majeur de l'histoire de l'humanité en complexifiant cette histoire. Ce film ne se passe pas seulement à Dunkerque. Ce film ne parle pas seulement de Dunkerque. Il est Dunkerque en 1940. Ce long métrage est à l'image de cette bataille : terrifiante, cruciale, décisive, gigantesque et ambiguë.
Dunkerque est-elle une lamentable défaite ou bien une magnifique victoire? Là est la principale question du nouveau film signé Nolan.
Par le biais de trois points de vues (Le ciel, la mer et la terre), Nolan retranscrit avec génie la terreur, le désespoir et la folie de cette bataille cruciale pour les Alliés. Dès les premières minutes, le spectateur est immergé dans un monde tourmenté et incertain où l'issue est imprévisible. Cela commence par un silence et cela finit par un silence.
Dès lors où le premier coup de feu éclate, la chrono bat son plein et installe une tension qui se ressentira pendant tout le long métrage.
Sous des allures de film choral, Dunkirk aborde un nombre incalculable de personnages. Le vrai personnage principal, c'est la bande sonore composée par le légendaire Hans Zimmer. La musique atmosphérique donne à Dunkirk des moments d'intensités stratosphériques. L'ambiance anxiogène renforce une certaine peur viscérale qui se dégage de ces soldats prient au piège. La mort rôde. Chaque individus, désespérés, ressassent leurs instincts les plus primitifs. L'égoisme est au cœur de Dunkirk.
Chacun pour sa pomme, si t'es mort, t'as pas eu de chance. Si t'es vivant, t'as eu de la chance. C'est comme ça. Les règles n'existent plus. La peur transforme les hommes en monstres. On ajoutera à cela la terreur et l'angoisse d'être tué par les ennemis. Jamais nous ne nous rendrons ! Partir c'est vivre, rester c'est mourir. Peut importe le pris que cela coûtera.
Le long métrage du Génie Anglais exprime avec énormément de justesse la frustration. La Patrie est visible mais inatteignable en raison de cette menace aérienne omniprésente et cette menace terrienne grandissante.
Christopher Nolan est réputé pour être un innovateur, un pionnier. Il l'a fait en écrivant son film mais aussi en choisissant ses acteurs. Harry Styles, leader du "boys band" One Direction, c'était sacrément culotté. Et c'est qu'il s'en sort pas mal le bougre. Cillian Murphy est excellent dans son rôle de couard. Kenneth Brannagh, James D'Arcy sont limpides mais efficaces. Mark Rylance est une nouvelle fois excellent. L'un des coups de cœur, c'est Fionn Whitehead. Je me suis instantanément attaché à lui en raison de sa douceur et de son innocence de jeune homme tourmenté. Il est incroyable et captivant. L'autre coup de cœur est véritablement le Tom Hardy ! Ah sacré Tommy ! Rien qu'avec son regard et sa gestuelle limité, Hardy nous glace le sang, nous touche, nous montre une nouvelle fois qu'il est l'un des plus grands acteurs de ces derniers années.
Le reste du casting est intéressant et les personnages sont principalement attachants.
Parler de Dunkirk, c'est aussi parler de sa mise en scène. Nolan a toujours été classé comme réalisateur académique au niveau de la mise en scène. Lui qui d'habitude, offre un montage plutôt rapide nous offre ici un montage bien plus lent et bien plus posé comparé à ses derniers films. Les cadres sont exceptionnels. La photographie est maniaque et envoûtante. Dunkirk pourrait être assimilé à un docu-fiction à certains passages tant la mise en scène exprime le réalisme du long métrage. La réalisation est soignée et diablement efficace. Les séquences dans les aires font sans doute parties des séquences les plus immersives et impressionnantes que j'ai jamais vu. Clairement. Chris a mis la barre à une hauteur inatteignable ! Les séquences dans les navires sont dignes des plus grands films catastrophes. C'est le chaos.
L'œuvre de Nolan aborde plusieurs thématiques. La peur et la terreur sont au centre de Dunkirk. La peur de la mort et la terreur de l'ennemi qui arrive rapidement et surement. La satisfaction et la déception sont aussi au cœur du récit. Grâce à des scènes touchantes et même parfois révoltantes, Nolan transforme sa fresque guerrière en un véritable drame profondément humaniste. La noirceur avec laquelle il nous fait ressentir les travers de l'homme nous prend littéralement aux tripes et nous glace viscéralement l'échine.
Il y a dans ce film un travaille absolument remarquable sur le son. L'atmosphère est dirigé par des bruits sourds et assourdissants. Cela crée une ambiance extrêmement pesante et stressante qui nous met en totale immersion.
L'œuvre de Nolan est dense mais bien trop courte. Il manque un brin de puissance vers la fin du récit mais tout ceci est rattrapé par le monologue final qui donnera un peu de frissons aux ultrasensibles comme moi.
Le film a reçu de multiples attaques sur l'éventuelle possibilité que les français ne soient pas représentés dans le long métrage. N'ayez craintes ! Nolan a bien respecté l'histoire. Bien qu'étant peu présent, Nolan construit au fur et à mesure un hommage très subtil aux courageux soldats français ayant donné leur vie pour l'Opération Dynamo. Pas de patriotisme lourdingue, ici, tout le monde en prend pour sa tronche et Nolan appuie là où ça fait très mal. Allant représenter l'agressivité des français jusqu'à l'égocentrisme des soldats anglais, Nolan ne fait pas de quartiers !
Dunkirk est aussi un film choquant. Point d'images gores, Oh ça non. Juste des cris, un contexte, une musique folle et le tour est joué. Dunkirk choque par son réalisme. Dunkirk choque par sa brutalité mentale. Dunkirk choque tout simplement par la maestria de son réalisateur.
En Conclusion, Dunkirk est un concentré de scènes d'anthologies où l'intensité est à son paroxysme absolu. La violence, bien qu'édulcorée, choque et hante. L'intensité relève du jamais vu. La trame scénaristique est ingénieuse et le casting est épatant. On retiendra au final un grand film de guerre, un grand film de Nolan, un grand film tout court. Un quasi-chef d'œuvre.