Le moins que l'on puisse dire, c'est que François Ozon ne se cantonne pas dans un genre, ni dans un style. A chaque film, comme Woody presque chaque année, il se renouvèle et prend des risques. Avec plus ou moins de réussite. Drame, comédie, fantastique, comédie musicale, tout y passe. C'est un très beau mélo historique qu'il nous propose aujourd'hui. Sauf erreur, c'est la première fois qu'un de ses films parle de guerre. A l'inverse de l'émotion parsemée d'Eternité, elle nous prend ici d'entrée et nous lâche pas jusqu'au dénouement. La mise en scène est rigoureuse mais élégante et subtile, sans doute la plus académique que le réalisateur nous ait jamais offert, mais sans doute aussi la plus belle. L'un de ses plus beaux scénarios aussi. Tout est fait avec autant de tact que de sensibilité. Une histoire classique, un amour impossible, entre fantasmes et réalité, lente et parfois austère (on ne s'y ennuie pourtant jamais), mais bouleversante et magnifiquement mise en image. Techniquement, tout est parfait. La photo est sublime. Seul bémol, sans pour autant que cela gâche l'ensemble, je ne vois pas trop l'intérêt de passer du noir et blanc à la couleur pour les souvenirs ou les moments plus joyeux. La direction d'acteurs, comme toujours chez Ozon, est impeccable. Si Pierre Niney est très bien, celle qui crève l'écran c'est Paula Beer, sa partenaire. Elle est parfaite, aussi belle que talentueuse. C'est une vraie révélation. C'est son premier film en français et gageons qu'on la retrouvera très rapidement. Le reste du casting est au diapason.
Voilà donc est donc un très beau film sur l'absurdité de la guerre, bien sûr, mais surtout sur le mensonge et la rédemption. Sur la mort et le deuil aussi, thèmes très souvent présents chez le metteur en scène. Un film délicat et mélancolique, plus profond qu'il n'y paraît, auquel on repense encore longtemps avoir l'avoir vu. Une fois de plus, François Ozon nous étonne. Frantz est une très belle surprise et l'un de ses meilleurs films.