Ce film m'a bouleversée et je sais d'ors et déjà qu'il va longtemps accompagner mes pensées.
C'est un véritable bijoux cinématographique que nous offre François Ozon, ce réalisateur quelque peu inégal, capable de toucher le fond comme dans ''Ricky'', capable aussi d'enchanter le spectateur comme dans ''8 femmes'', capable de déstabiliser le spectateur comme dans ''Ma nouvelle amie'' et capable d'émouvoir et de toucher en plein cœur le spectateur avec Frantz et sa mise en scène intimiste, ses plans séquences et ses plans longs.Il ose une nouvelle palette de couleur dans sa réalisation en proposant le N&B pour nous offrir un film magnifique où chaque plan est comme un tableau en mouvement pour nous conter l'histoire de ce mystérieux soldat Français qui vient se recueillir en secret sur la tombe d’un soldat allemand. Il fallait oser réaliser un film où la langue Française et Allemande se côtoient avec douceur, légèreté et profondeur. En choisissant le noir et blanc pour conter cette histoire de deuil, Ozon réveille ses personnages par la couleur qui à l'écran devient le signe des cœurs qui se remettent à battre.Le passage de la couleur au N&B a alors un effet couperet sur la joie des personnages. Et ça fonctionne sur le spectateur, qui lui aussi va passer du N&B à la couleur, des larmes aux sourires, du doute à l’espérance. Préparez vous à vivre un voyage émotionnel intense où les nombreux sujets traités au travers de cette histoire, vont vous faire réfléchir. Il ne s'agit pas uniquement de guerre, de deuil ou d'amour. Il est aussi question de fraternité, d'amitié, d'identité, de douleur, de culpabilité, de pardon, de musique, (avec le conservatoire et le violon) de peinture (et plus particulièrement ce tableau de Manet ''Le suicidé'') Paula Beer interprétant une jeune veuve au cœur pur est bouleversante de justesse, de fragilité et de force. Pierre Niney interprétant ce jeune soldat Français dont la complexité des sentiments qui le traverse est ingénieusement bien rendue à l'écran notamment par l'insistance de plans sur son visage qui fait passer de nombreuses émotions, est lui aussi boulversant dans son jeu. Içi c'est le mensonge qui fait éclater une vérité plus grande encore.
Ici, c'est de cacher la vérité qui permet à une famille de retrouver la force de vivre après avoir perdu son fils unique pendant la guerre. Ne surtout pas spolier le film, ne surtout RIEN raconter qui pourrait enlever toute surprise ou émotion au futur spectateur. Simplement dire que vous sortirez différent de cette salle. Simplement vous conseiller de vous préparez, en vous installant dans votre fauteuil, à vivre du grand, du très grand cinéma. Un cinéma qui va vous transporter. Imaginez vous entrer dans une nouvelle attraction à sensations fortes comme un ascenseur fou qui ne répondrais plus à vos demandes, un ascenseur qui monterait, descendrait s’arrêterait, sans jamais vous prévenir. Imaginez vous dans cet ascenseur qui ralentit, qui reprend de la vitesse et qui vous fait passer du 15eme étage au 2éme étage en moins de 30 secondes. Imaginez vous dans cet ascenseur fou où vous ne pouvez que rester sans savoir exactement à quel étage vous allez atterrir, sans savoir dans quel état vous allez en sortir...Personnellement je ne sors pas indemne de cette projection. François Ozon m'a souvent touchée par ses réalisations, souvent émue, parfois amusée, d'autres fois exaspérée mais aujourd'hui il m'a simplement bouleversée et je sais d'ors et déjà que ce film va rester dans mes pensées. Frantz de François Ozon est une œuvre d'art, un chef d’œuvre qu'il faut aller voir au cinéma parce que c'est du grand, du très grand cinéma. C'est quand je sors d'une telle projection que je ne peux qu'affirmer à nouveau combien le cinéma me rend heureuse, même quand il me fait pleurer...