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3,0
Publiée le 12 juin 2017
Les nouvelles cinématographiques en provenance du Bangladesh sont particulièrement rares pour ne pas dire inexistantes. Quel bonheur de découvrir Les lauriers-roses rouges qui n'est certes pas un chef d'oeuvre mais dont les qualités narratives et picturales sont loin d'être négligeables. A travers le portrait de 3 femmes, d'âges et de conditions différentes, la réalisatrice, Rubaiyat Hossain décrit une société et plus particulièrement une ville, la capitale Dacca, en effervescence et en grande partie transformée en usine du monde, textile principalement, où des cohortes d'ouvriers s'échinent à leur ouvrage comme des automates. Ce n'est que l'un des aspects d'un film riche en thématiques qui s'intéresse plus précisément, à l"une de ces femmes, plutôt privilégiée, puisque actrice de théâtre et mariée à un homme qui comprend, jusqu'à un certain point, son désir d'émancipation. Les lauriers-roses rouges se déploie habilement entre l'intime et le social, non sans parfois une certaine naïveté proche des standards de Bollywood. La réalisatrice tente également quelques échappées oniriques mais ces scènes ne sont pas particulièrement abouties. C'est en se focalisant sur son héroïne, que la mère et le mari harcèlent d'enfin accomplir son "devoir", à savoir tomber enceinte, que le film acquiert sa force et sa singularité.
3,0
Publiée le 18 juin 2017
Roya est une actrice reconnue à Dacca. Depuis douze ans, elle joue au théâtre Nandini, l'héroïne de la pièce "Les Lauriers-roses rouges" du grand dramaturge bengali Rabindranath Tagore. Son mari, un riche homme d'affaires, la presse d'interrompre sa carrière pour avoir un enfant. Mais Roya veut approfondir son art et faire de Nandini une héroïne plus moderne, à mille lieux du classicisme engoncé dans lequel son metteur en scène l'oblige à jouer. Elle va s'inspirer de l'expérience de sa bonne, Moyna, qui après être tombée enceinte et avoir quitté le service de Roya, travaille dans des conditions misérables dans l'industrie textile.

Le cinéma du sous-continent indien - ou plutôt l'infime partie de ce qui s'y produit et qui s'exporte en Occident - semble s'être fait du féminisme une spécialité : "La Saison des femmes", "Déesses indiennes en colère" pour ne citer que deux films sortis ces dernières années.

"Les Lauriers-roses rouges" est un film réalisé par une femme, joué par des femmes, ciblant un public féminin. Sur la (petite) vingtaine de spectateurs venus le voir dans l'une des deux (petites) salles parisiennes qui le diffusent, j'étais le seul homme. Cela ne m'a pas empêché d'être sensible aux états d'âmes de Roya, que la caméra de Rubaiyat Hossain ne cherche pas à sublimer : elle est tour à tour d'une beauté fascinante quand elle monte sur scène et très banale, presque bouffie, quand elle retire son maquillage.

"Les Lauriers-roses rouges" ne nous vient pas d'Inde, mais du Bangladesh. C'est une rareté, les films bangladais diffusés en France se comptant sur les doigts d'une main. Il présente, pour le spectateur français, une dimension nettement documentaire que la réalisatrice ne renie pas. Elle nous fait ressentir la touffeur de Dacca, l'encombrement de sa circulation. En faisant expressément référence à la catastrophe du Rana Plaza - l'effondrement d'un immeuble qui abritait des usines textiles provoquant la mort de plus d'un millier d'employés - elle entend rattacher son pamphlet féministe à l'actualité la plus brûlante.

"Les Lauriers-roses rouges" n'a ni la frivolité ni les interludes musicaux de ses cousins de Bollywood. Son affiche, le regard grave de son héroïne entre deux âges, le slogan trop sentencieux qui l'orne annoncent la couleur : on n'est pas là pour rigoler.
anonyme
Un visiteur
3,0
Publiée le 13 juin 2017
C'est un film audacieux et délicat, qui a d'abord pour mérite de nous plonger dans une société lointaine et peu représentée en Europe, à travers un triptyque de femmes, qui, tout en divergeant, convergent étrangement à la fois. Elles ne s'opposent pas pleinement et cherchent, chacune à leur manière, leur liberté et leur choix, malgré le carcan des hommes et de la pauvreté, malgré les pressions, les faux espoirs et les représentations. Comment trouver sa voie dans un pays où cohabitent misère, drames et modernité prétendument confortable ? Comment exister en tant que femme, amoureuse, mère, croyante, interprète ? Le personnage central de Roya, qui fait le lien et s'émancipe, est sans doute le plus engagé et le plus optimiste.
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