Une mise en abîme étourdissante sur l'incertitude intrinsèque à la création artistique de la part du talentueux réalisateur et scénariste Danny Strong qui s'est ici confronté aux histoires entremêlées de deux créations artistiques.
Au premier plan, l'histoire de la gestation du roman The Catcher In The Rye né pour l'éternité de l'esprit unique de JD Salinger dont nous découvrons l'évolution de la pensée depuis son éclosion juvénile quasi perdue ensuite lors d'atroces ténèbres jusqu'à son illumination consciente par la beauté et la grandeur attirante mais aussi par la laideur et la folie repoussante du monde humain,
JD Salinger préférant alors s'éloigner de toute proximité humaine pour pouvoir créer sans dérangements extérieurs, gages d'intranquillité intérieure, et en ne partageant plus ses oeuvres avec le monde extérieur pour pouvoir ressentir pleinement la paix intérieure que procure la création artistique pure telle que JD Salinger l'a exprimée dans sa vie.
Au second plan est mise en abîme l’histoire de la création artistique de toute œuvre d’art telle que ce film lui-même par Danny Strong et son équipe qui ont vécu chacune des étapes créatives déjà connues des artistes talentueux comme JD Salinger : éclosion d'une idée dans l'âme puis modelage de l'œuvre lors du processus de création hors de l'âme jusqu'au résultat final validé, ou pas, en tant qu’oeuvre indispensable, par l'âme du public consommateur.
Au-delà du talent de toutes les équipes qui ont travaillé à la naissance de cette œuvre d'art qu'est Rebel In The Rye, le réalisateur et scénariste nous invite à voyager au travers des enseignements de vie que JD Salinger expérimenta dans son existence devenue iconique tout en nous démontrant physiquement un talent mixant une mise en scène éblouissante de beauté pour attirer notre regard et une écriture scénaristique brillamment ciselée pour conserver notre écoute, Rebel In The Rye offrant ainsi un plaisir incommensurable aux délicats organes de deux de nos sens les plus communément en attente d’excitations extérieures de qualité.
Ce film n'est jamais sorti en salles en France ni sorti en DVD français apparemment en raison des faits graves dont est accusé le grand acteur Kevin Spacey et ces présomptions de culpabilité auront tué la carrière commerciale de cet énième biopic d'un artiste étranger a priori sans grand intérêt pour un public français idolâtrant quelquefois trop ses artistes nationaux au-delà de toute intelligibilité.
C'est bien sûr dommage, ou pas, que Kevin Spacey ait été choisi pour le rôle mais au final je préfère juger l'œuvre dans son entier plutôt que le comportement individuel d'un acteur qui n'était alors, il me semble, accusé de rien lors du tournage et dont on ne peut maintenant décrédibiliser le talent à incarner un second rôle d'exception emblématique.
Quand l’œuvre créée parfaite souffre d’une imperfection à posteriori, voire d’un vice caché à la conscience de son créateur, accepter de ne pas a priori détruire l'œuvre et lui laisser la chance de nous délivrer son message, plutôt que de s'autoriser égotiquement à la honnir à l'avance pour des raisons exogènes, peut finalement nous amener à nous dire que nous aurons eu la chance de pouvoir découvrir cette pépite en VOD ou en DVD d’importation.