L'envie de découvrir un univers de jeu vidéo déjanté (qu'on ne connaît pas), Eli Roth à la réalisation, Jamie Lee Curtis et Cate Blanchett en héroïnes badass, de la baston à gogo et une colorimétrie audacieuse (à se cramer les rétines) : on avait quand même hâte de voir ce Borderlands. Et au visionnage : ça a fait pschitt. Borderlands est un désastre en tous points. Eli Roth ? A la centième vanne Carambar pour gamins de cinq ans (et surtout l'épuisant robot "rigolo de service") et à chaque scène de baston où la moindre trace de sang ou même petit bourre-pif est caché (dans le noir, de dos, en hors-champ), on comprend que le Monsieur n'est pas là derrière la caméra, mais plutôt au bureau du producteur pour encaisser son chèque. A contrario Jamie Lee Curtis et Cate Blanchett se débattent comme des lionnes avec des rôles qui ne leur vont en rien (outre le fait qu'elles ont vingt à trente piges de trop pour leur personnage) car ils sont introduits au lance-pierre et leur caractérisation se fait sans logique (on nous laisse une heure avec cette scène lunaire du "
On ne trouvera jamais la clé... Oh, la clé !" / "Comment tu as fait ?!" / "...Je sais pas.",
avant de revenir dessus dans une explication finale casée au chausse-pieds en pleine action, pour justifier
"Non mais en fait c'est parce qu'elle a des super-pouvoirs.",
bon...). D'ailleurs, si vous êtes néophyte des jeux vidéos (comme nous), vous allez vous poser un milliard de questions sans réponses, car l'univers est dépeint avec une maladresse éléphantesque et une histoire "Cinquième élément" (clés élue "dernière clé" arche = le méchant intergalactique est vaincu) de façade pour essayer de caser le plus de phrases-blagues (pour enfants) et tirs copieux (sans qu'on ne voit jamais rien s'égratigner). Donc, on s'est demandé
d'où venaient Lilith et l'histoire passée avec sa mère, si elle était l'unique détentrice du pouvoir (réponse : non), qui sont les clones mentionnés par le père de Tiny Tina (et sont-ils en vie ?), pourquoi Roland a déserté, d'où Krieg et Tiny Tina tiennent ce lien fort d'amitié...?
On a navigué à vue, en désespérant de comprendre vaguement l'univers et les enjeux de ce jeu vidéo, et en soupirant lourdement quand on nous refait le coup du "
On ne trouvera jamais l'arche... Oh, l'arche !
" (achevez-nous), quand une antagoniste ouvre la bouche pour enfin étayer un peu son personnage et
part en poussières en une seconde
(on n'a pas le temps, il vaut mieux garder de l'espace final pour les vannes nulles, c'est mieux que de caractériser ses personnages), quand des effets spéciaux de voitures lancées dans un crash ont tout à envier aux cinématiques du jeu vidéo dont elles sont l'adaptation, quand les blagues tournent quasiment toutes autour du "pipi-popo-prout", et que la gamine
qui sert d'otage se libère tranquillement toute seule (mais... à quoi sert l'Élue, quand un coup de pieds au derrière du méchant suffisait ?).
Bref, Borderlands aurait pu être cette folle virée colorée, trash (même sans étalage, pour rester tous publics) et déjanté, aurait pu intéresser à son jeu vidéo, aurait pu divertir bêtement sans complexes. Malheureusement, son réalisateur absent, son casting choisi avec des fléchettes (yeux bandés), et une gaminerie infernale en font une purge qui vous facilitera le transit (courez vite au Piss Wash Hurdle).