Il y a bien sûr la collection de tee-shirts tellement improbable du docteur Federmann. Parfois, il consulte également en short. Et puis, il y a aussi le désordre de son bureau, l'empilement de documents, qui s'amoncellent sur le bureau entre lui et ses patients. Mais finalement, le désordre de son cabinet aux murs tapissés d'articles de journaux et d'une photo magnifique en noir et blanc (de Michaël Lonsdale, je crois, mais qui me faisait également penser à Orson Welles), eh bien, finalement tout ce désordre est sans nul doute propice à accueillir le désordre interne de ses patients. Ce qui est formidable, c'est la bonhomie de cet homme accueillant, respectueux, attentif, non dépourvu d'humour et capable de pousser les patients dans leurs retranchements en soulignant parfois les paradoxes de leur plainte. Là où ce documentaire est audacieux, c'est qu'il nous promène durant une heure trente dans une seule pièce à entendre la souffrance morale, qui s'énonce avec la croyance que l'autre saurait pour eux comment moins souffrir. En bon clinicien, Georges Federmann souligne qu'il ne détient pas la vérité, que ce sont ses patients, qui vont trouver en eux, une solution moins coûteuse pour eux. Pour ce qu'il en est des prescriptions de psychotropes, il s'appuie sur les besoins exprimés par ses patients. Un bel exercice de psychiatrie publique en secteur privé. Point d'idéalisation non plus du personnage, juste une disponibilité à accueillir la plainte, parce que de dire ce qui fait mal, ça soulage si c'est entendu authentiquement par un professionnel disponible, attentif et attentionné à ceux qu'il reçoit.