Après quelques années d’errance dans le milieu de la grosse production sans saveur, M. Night Shyamalan, le réalisateur du Sixième sens, d’Incassable, de Signes et The Village reprend des couleurs sous la tutelle du Jason Blum et de ses productions à budgets modérés. The Visit, précédent long-métrage du cinéaste avait fait sensation, dans son genre. Place donc au réel retour d’un metteur en scène que l’on qualifiait de prodige, dix ans auparavant, avec un thriller surnaturel, horrifique et inévitablement psychologique. M. Night Shyamalan, dont certains abhorrent sa méthodologie du twist, revient en terrain conquis et livre son lot de surprises, dont un certain caméo rattachant Split à un certain film de sa filmographie. Comme un poisson dans l’eau, le bonhomme s’approprie un sujet qui lui sied à merveille, la démultiplication de personnalités, et construit un thriller fantastique sain, harmonieux et surprenant.
Qu’on se dise, en dépit de critiques pour le moins élogieuses lors de sa sortie, de toutes part, Split se veut avant tout un retour aux sources, un retour à des inspirations délaissées quelques années durant. Habile cinéaste, tacticien dans l’élaboration de scénarios qui ne se révèlent entièrement toujours qu’en toute fin de visionnage, M. Night Shyamalan retrouve tout son entrain et son savoir-faire. Mais tout ça semble, en certaines occasions, relativement préconçu. Un homme aux multiples personnalités, certains bonnes d’autres nettement moins, on s’en doute, une psychologue et des captives, le cercle est restreint mais efficace. La tension monte, jusqu’où? Le réalisateur maintient habilement le mystère derrière les potentiels du dénommé Kevin, dévoilant au compte-gouttes les perspectives d’un final que l’on pressent révélateur. Tout fonctionne si bien que l’enjeu s’en va très vite au profit d’une révélation finale que le public attend de pied ferme, finalement la seule véritable attente alors que l’on contemple, assez peu concerné, les personnage s’acheminer vers le clou du spectacle.
Une recette purement traditionnelle dans la manière de M. Night Shyamalan d’appréhender le cinéma. Une recette qui fonctionne mais qui ronronne, qui ne captive plus comme ce fût le cas sur les quatre premiers long-métrages du réalisateur. Pour autant, Split possède des atouts majeurs dans sa manche, en particulier un James McAvoy parfaitement crédible, habité, par son personnage qui change de personnalité comme l’on changerait de chemine. Le comédien britannique excelle dans sa gestuelle et surtout dans ses expressions, donnant une profondeur qui n’était pas acquise au film. Notons, par ailleurs, que la jeune Anya Taylor-Joy, vue de le curieux et audacieux The Witch, livre elle aussi une belle prestation, incarnant une victime éternelle qui trouvera dans ce statut-là, peut-être, la clef de sa survie.
Appréciable, divertissant, le nouveau cru signé M. Night Shyamalan redonne espoir en les travaux de ce dernier. Split, plus que de simples retrouvailles avec un cinéaste qui nous avait manqué dix ans durant, est un film de très bonne facture, un thriller de genre qui ne convainc pas 100%, à l’exception du jeu d’acteur remarquable de McAvoy, mais qui laisse entrevoir de belles perspectives pour le suite de la carrière de son auteur. La jonction de deux long-métrages dans l’optique de la création d’une forme de franchise est réjouissante. Reste à Shyamalan de ne pas louper les premières marches. Encourageant. 14/20