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Audrey L
634 abonnés
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4,0
Publiée le 21 septembre 2018
Une belle épopée intimiste, où le voyage est tout autant symbolique avec ses majestueux paysages que relationnel entre ces deux frères aux antipodes (et malgré tout inséparables). Cru, beau, parfois un peu violent (scène d'amputation où les bruitages seuls suffisent à l'écœurement voyeuriste), Jacques Audiard signe un western mature, emporté par le casting brillant (et habitué au genre) : Joaquín Phoenix en chien fou alcoolique, John C. Reilly en garde-fou, Jake Gyllenhall en opportuniste... On suit ce beau monde jusqu'au final cru puis étonnamment tendre (dernières minutes particulièrement réussies). On regrette seulement de tant sentir la patte de l'auteur par moments, ce qui rend bavard voire mou ce western en quelques séquences. N'attendez pas un western comme le récent blockbuster "Les 7 mercenaires", ici on est dans le western à la française, ce qui peut déstabiliser. De même, on a du mal à se rappeler la bande originale, et l'on s'étonne de voir le nom de l'excellent Alexandre Desplat à ce poste, a priori ces deux informations sont incompatibles... On retiendra les acteurs brillants, les scènes dures et la maturité de l'intrigue. Mention à la tendresse des dernières minutes qui est inédite et très appréciable.
Beau film. L'idée d'Audiard est pour le moins originale : faire un western à la française où, entre deux massacres, les tueurs interrogent l'intimité de leur relation. C'est Rommer chez Clint Eastwood et ça prête à sourire. Le démarrage est très lent mais les acteurs sont formidables et on se réjouit de voir Audiard refaire du cinéma (J'ai cru qu'il était mort en voyant "De rouille et d'os". Ouf, il respire encore !).
Jacques Audiard qui réalise un western, c'est une nouvelle suffisamment étonnant pour qu'on s'y intéresse de très, très près. Comment son cinéma si particulier allait-il se fondre dans ce genre éculé, et si codifié qu'est le western ? On peut le dire d'emblée, l'exercice est réussi. Avec de l'humilité, du panache et beaucoup d’intelligence.
Qu'est-ce donc que les frères Sisters ? L'histoire de deux frères qui tuent pour vivre mais pas que. C'est avant tout un merveilleux conte initiatique qui montre le voyage de deux frères inséparables qui s'éloignent pour mieux se retrouver. C'est aussi l'histoire d'une utopie de monde idéal, basée sur l'absence de conflit, de cupidité et fondée sur de vrais principes démocratiques (monde merveilleux prévu à Dallas, au Texas). C'est l'histoire de l'eldorado. C'est l'histoire d'un philosophe un peu particulier. Le lien avec Candide est tellement évident que cela rend d'autant plus compréhensible la quête de l'acteur John.C Reilly pour engager Audiard comme réalisateur. En effet, qui mieux que lui pour camper le Voltaire du 21ème siècle au cinéma. Après Un Prophète qui raconte aussi l'initiation d'une petite frappe illettrée aux joies du grand banditisme. Ou encore le palmé Deephan qui dépeint la rédemption d'un soldat défait.
Au fil d'un scénario intelligent, on suit Charlie et Eli Sisters qui sont aux trousses de l'alchimiste Warm (excellent Riz Ahmed) qui détient une formule miracle pour l'orpaillage. Les deux frères sont précédés du détective John Morris (fabuleux Jake Gyllenhaal), qui avait pour tâche de localiser le génie. A la rudesse et la violence des deux frères répondent les bonnes manières et le vocabulaire soutenus des deux autres personnages. Au fur et à mesure que l'histoire progresse, les différents antagonistes s'allient au fur et à mesure pour donner un alliage hétérogène et étonnant allant dans la ruée vers l'or dans le grand ouest. Un grand point fort du film.
Un film d'acteurs mais également un film de situations plus ou moins loufoques et absurdes où l'on sent un peu l'influence des frères Coen, notamment lorsqu'il s'agit de tuer ce qui est déjà mort, où lors d'une relation tarifée très particulière. En opposition à cela, on nous offre également une profonde réflexion sur la condition humaine. Gagner de l'argent pour quoi faire ? Pourquoi autant de cupidité et de violence et à quel prix ? Celui de la nature, de la santé ? Est-ce que tout cela en vaut le coup ? Une scène mémorable d'orpaillage la nuit tombée dans une rivière apporte une réponse cinglante à ces questions. Où comment l'argent rend fou et nous détourne de l'essentiel. Mais comment ce qui importe réellement réapparait avec de plus en plus de vigueur. La famille, la liberté, le vivre ensemble. Ainsi, le personnage de Charlie qui semble être la brute épaisse, totalement barré se révèle peu à peu comme la résultante d'un traumatisme de l'enfance causé par un père violent. Une fois de plus, Joaquin Phoenix prouve qu'il est le meilleur acteur pour jouer les hommes instables.
Enfin, cette caméra qui se perd dans la nature, qui montre des situations incroyables, comme cette rivière qui s'illumine d'or la nuit tombée, ou encore ce plan séquence arrangé dans le finale qui permet de montrer comment la boucle est bouclée. Conte initiatique, voyage pour revenir à la source, les Frères Sisters est un film profondément touchant et émouvant qui donne à rire, à réfléchir et qui permet surtout d'apprendre par où pêche l'humain. Candide 2018.
Dans Les frères Sisters, il y a déjà 4 acteurs formidables, impossible pour moi de dire qui est les meilleurs entre Joaquin Phoenix, John C. Reilly, Jake Gyllenhaal et Riz Ahmed. J'ai eu un peu de mal à rentrer dans le film et à voir où Jacques Audiard voulait nous mener, malgré une magnifique scène d'ouverture où seules les armes parlent au clair de lune. Mais ce moment de flottement passé, le film est bien construit et la réalisation est proche de la perfection avec des images époustouflantes. Les frères Sisters sont des tueurs et personnellement, j'aurais eu la trouille de les trouver sur ma route. Mais finalement sont-ils vraiment des tueurs jusqu'au bout de l'âme ? Pas si sur ! Sur cette interrogation, le destin s'en mêle et change la donne sous la forme d'une possibilité d'autre chose qui se présente à eux sous le forme de l'or. C'est aussi une histoire écologique qui nous ramène aux connaissances sur la chimie au temps de la ruée vers l'or. C'est beau, c'est violent et effrayant, mais toujours avec cette lueur d'espoir que les choses peuvent changer. Un western, il fallait oser, le genre n'étant plus vraiment à la mode. Après les western américains, les western spaghetti, nous allons peut-être avoir l'époque du western-camembert. En tout cas Jacques Audiard a trouvé un gang qui lui va comme un gant.
Jacques Audiard n’a pas souhaité reprendre les codes traditionnels du Western (grands espaces, duels à mort, indiens hostiles, …) qui ont fait le succès du genre, ni se rapprocher du style plus flamboyant de Tarantino. Il a donc choisi sa propre voie pour adapter le roman de Patrick deWitt. Et sur la forme il n’y a pas grand-chose à redire, son film est mis en scène avec grande efficacité. Mais sur le fond, son récit tarde malheureusement trop à délivrer toute sa substance. En effet, le long-métrage prend toute son ampleur seulement dans le dernier tiers du film. Avant, ses héros errent un peu sans but et bavassent gentiment sans jamais vraiment parvenir à captiver le spectateur. John C. Reilly s’est sans doute naturellement imposé au casting, étant le détenteur des droits du roman. Et on peut le regretter, parce que la fratrie qu’il forme avec l’excellent Joaquin Phoenix a bien du mal à convaincre. Leurs caractères tellement éloignés et leurs différences physiques sont trop importants pour les rendre totalement crédibles. Et la bonhommie du personnage de John C. Reilly est aussi assez peu raccord avec la violence dont peut faire preuve le hors la loi. Mais ces deux écueils ne sont pas suffisants pour que les frères Sisters ne parviennent à laisser une empreinte assez indélébile dans la mémoire du spectateur. Surtout parce que toute la dernière partie du film nous surprend sans cesse, nous éblouie et nous tient en haleine avec brio. Et il y a ce final, d’une épatante finesse, assez éloigné lui aussi des codes du genre et qui, accompagné d’une de ces partitions délicieuses dont Alexandre Desplat a le secret, conclue en beauté un élégant film sur la fraternité.
Jacques Audiard part aux États-Unis sans rien perdre de sa superbe. Il signe un western élégant sur les rapports complexes que nouent deux frères, mercenaires ayant pour mission d’exécuter un chercheur d’or utopiste.
Un western crépusculaire et atypique, poétique et bourré d'images splendides. Les acteurs sont excellents et la relation entre ces deux frangins complexe et passionnante.
D'emblée, on est embarqué dans un film résolument différent. Un western reprenant quelques codes de western mais qui ne ressemble pas tant à un western. Une grosse critique personnelle est le choix de musique, qui ne m'a pas forcément plu, que je n'ai pas trouvé en accord avec le film. Mettons de côté de petit couac, les prestations du quatuor est bluffante. Un chapeau bas pour Reilly qui signe une performance remplie d'empathie et de justesse. Le film se résume finalement à l'évolution de ces personnages. Sans être doté d'une histoire complexe, sans twist, on s'attache à ce film, en étant intime avec ces personnages et suivant leurs aventures. C'est donc un pari réussi à ce niveau. J'ai eu, à chaud, un bémol sur le final qui me semblait "gentillet". Mais en y repensant, après réflexion, la fin correspond pleinement au film et à l'état psychologique final des personnages. Un bon film qui plaira à toutes personnes aimant le cinéma !
Il y a 3 ans, Jacques Audiard remportait la palme d’or pour Dheepan. Le film baigne dans l’utopie et le conte. Charlie et Eli Sister sont des tueurs à gages hantés par leur passé familial. Leur mission est de trouver et tuer le détenteur d’une formule chimique permettant de trouver l’or.
Ce « western », sorte de road movie, où la violence doit laisser place à la civilisation et la rédemption de deux frères. Pour cela, Audiard s’expatrie complètement aux États-Unis et se tourne vers de grands acteurs qui propulsent son film.
C’est un bon western, et original de surcroît. Sans lire le générique et la presse, on n’imaginerait jamais que c’est Jacques Audiard qui a fait cela ! John C. Reilly et Joaquin Phoenix sont parfaits dans leurs rôles.
Jacques Audiard arrive à faire de cette adaptation du roman éponyme de Patrick deWitt un film personnel. Il y a d’abord l’histoire personnelle de ces deux frères, l’histoire du pays et de la ruée vers l’or. Le film est à la fois sombre et optimiste Jacques Audiard s’est entouré d’un casting prestigieux pour son premier western. L’ensemble est assez mélancolique. Il maîtrise son film de bout en bout. Un beau western
Quatre hommes qui ont comme point commun la haine de leur père. Deux couples : deux frères tueurs à gage, un détective et et celui qu’il poursuit. Dans chaque couple un est du coté obscur de la Force l’autre du côté lumineux. Et au dessus d’eux quatre une figure patriarcale, celle du Commodore ou du Commandeur. Ils se croisent se tirent dessus se font des confidences changent au contact les uns des autres. Excellents acteurs mise en scène nickel photo évidemment superbe musique nettement moins réussie. Ce western de développement personnel tient ses promesses
Un grand western classique et moderne, excellemment interprété, esthétiquement brillant, sentimental mais pas assez émouvant pour être qualifié de chef d'œuvre. Une critique plus détaillée et d'autres sur le-blog-d-elisabeth-g.blogspot.fr
Charlie et Elie Sisters sont d’affreux jojos. Des tueurs à gage qui dégainent à tout va et ne comptent même plus leurs morts. Deux rustauds cruels, minés par la violence paternelle et qui ne respectent plus qu’une personne : maman. On est en 1851 en Oregon, au nord-ouest des Etats-Unis, en pleine Ruée vers l’or. Le dernier contrat des frangins les envoie descendre la côte californienne à la recherche d’un chimiste qui aurait trouvé une formule magique pour révéler les paillettes d’or au fond des rivières. Un type de plus à tuer. Et peut-être un second, puisque le gars est aussi pisté par un détective… Ce duo étant un peu plus utopiste que les cyniques « brothers ». On a donc un quatuor de chercheurs d’or, des armes, de la violence, des chevaux et des grands espaces, soit tous les codes du western. Audiard s’amuse justement à les détourner pour mieux réinventer le genre. En ajoutant une touche psychologique à ce road-movie, il réalise un récit de fraternité sauvage et douloureux, sentimental et bourré d’humour. Admirablement servi par quatre acteurs américains haut de gamme, ciselé par des techniciens français et bien que truffé de paysages espagnols, Les frères Sisters nous renvoient à nos fantasmes du grand Ouest. Comme si le réalisateur avait voulu signer le crépuscule de deux mythes en un : le western et la rue vers l’or. Même s’il les ressuscite avec son immense talent de metteur en scène et de scénariste. Son dernier opus n’atteint pas la folle puissance du Prophète, ni le degré d’émotion de De rouille et d’os. En cela, il est sans doute plus proche de Dheepan.