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    Les Frères Sisters
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    562 critiques spectateurs

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    Cinememories
    Cinememories

    483 abonnés 1 465 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 12 septembre 2022
    Succédant des réalisations soignées et qui prônent chacune un discours moral sur la différence, c’est aux commandes d’un nouveau projet à nouveau registre que l’on recolle avec Jacques Audiard. Le western n’est pas un genre de prédilection pour les français et pourtant, cette dernière œuvre s’impose déjà comme un symbole de polyvalence dans l’hexagone. On explore ainsi les terres de l’Oregon, irriguées de sang, de sueurs et d’or.

    L’ouverture ne transcende pas le genre, mais nous rappelle qu’il émerge de la violence. La photographie retentit au rythme des coups de feu venant de la pénombre. Les terres sauvages de l’état sont rongées par des cow-boys sanguinaires, pour qui la vie représente peu. La plupart d’entre eux sont enfermés dans une stase qui les conditionne à boire et à traîner dans tous les bordels possibles. Leur vie ne se résume qu’à l’égoïsme et à la satisfaction des pulsions les plus primitives. Pourtant, un duo se détache de cette caricature, comme si tout le récit les pousse à reculer vers leur passé ou bien se chercher un avenir durable, loin de cet enfer doré.

    Les frères Charlie (Joaquin Phoenix) et Eli (John C. Reilly) Sisters sont deux chasseurs de primes, qui ont grandi dans un monde pourri jusqu’à la moelle. Ils font corps avec cet environnement sordide et dangereux, mais la vieillesse les rattrape. On le constate essentiellement auprès d’Eli, l’aîné qui a perdu son lot de virilité pour se détacher se ses responsabilités. À présent, il est en quête de rédemption, voire d’émancipation avec le métier qui fait de lui un homme sanguinaire vue de l’extérieur, mais tendre à l’intérieur. Comme un ours fatigué, à l’image son cheval qui peine à l’accompagner, il commence à embrasser la vision d’un monde moderne et saint, ce que n’entrevoit pas du tout son cadet de frère. Très impulsif sur les bords, caricature même des rodéos du genre, il insuffle la part haineuse de cette fraternité, qui n’est pourtant jamais remise en question, ou du moins que nous ne sommes pas prêts d’y croire.

    C’est pourtant son évolution, si linéaire, qui donnera du corps aux personnages secondaires. Morris (Jake Gyllenhaal), détective et Hermann Kermit Warm (Riz Ahmed), chimiste souhaitant révolutionner la démarche pour la prospection de l’or, forment un duo qui vire sans surprise à un quatuor très familial, où chaque membre sera sujet à l’introspection. L’intrigue est ainsi bavarde et engage ses personnages à expliquer leur situation psychologique en permanence. Les échos à « Impitoyable » peuvent trahir certains passages qui souhaitent tutoyer l’émotion comme la charpente vers la rédemption. Autant la performance des acteurs est une merveille, autant la mise en scène sombre aisément dans l’hommage, bien qu’elle soit esthétiquement bien appliquée au décor.

    « Les Frères Sisters » apparaît ainsi comme un miracle dans les choix de mise en scène qu’Audiard emprunte. Une œuvre exclusivement tournée en anglais, avec des acteurs américains, nous bluffe en matière d’authenticité et la partition discrète d’Alexandre Desplat nous garde en alerte dans les transitions, avant que le son la Nature meuble l’atmosphère. La traque de deux tueurs devient un duel sur le rapport de force et le chemin vers l’humanité est tracé. Bipolaire dans les excès qui forgent le caractère des frères, on trouvera énormément de réconfort à suivre l’ultime aventure d’une vie, qui trouvera une autre issue que l’impureté de la chair et de l’or. Le dénouement resserre l’étau sur un monde paisible, preuve d’un accomplissement paradoxal sur les déboires de deux tueurs innocents.
     Kurosawa
    Kurosawa

    585 abonnés 1 509 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 12 octobre 2018
    Trois ans après le douteux "Dheepan", Jacques Audiard revient avec un premier film américain, une incursion dans le western plutôt réussie. "Les frères Sisters" séduit par la modestie de son écriture (un montage parallèle bien tenu, deux duos qui finissent par se rejoindre à mi-parcours), la beauté de sa photographie qui contraste nettement avec celle, poisseuse et lassante, de ses derniers films français et par une mise en scène qui, à défaut d'être originale, est dépourvue d'effets de style qui encombraient de plus en plus le cinéma d'Audiard. Il ne faut pas chercher de grands moments de bravoure dans "Les frères Sisters" mais suivre avec un certain plaisir une histoire narrée avec élégance, dans laquelle l'humour et la cruauté se côtoient naturellement. Il est donc assez surprenant de voir un film d'Audiard aussi modeste dans sa facture, aussi simple dans sa manière de créer une complicité entre des acteurs et des personnages sans que ces derniers soient psychologiquement épais (ce qui reste malgré tout une limite). Alors que le film met longtemps en scène une banalité de la violence, règle essentielle pour survivre dans ce monde de brutes, il prend le spectateur à contre-pied au moment où les quatre personnages principaux sont réunis : leur entente dans leur quête d'or est proche d'un pacifisme absolu dans un lieu quasi idéal (une rivière dans les bois californiens) mais va s'écrouler lors de la meilleure scène du film, qui met en évidence l'inexorable cupidité des hommes. Le film déçoit néanmoins dans un dernier quart d'heure expéditif, à peine filmé puisque sans aucun intérêt scénaristique, se concluant par une scène balourde, aussi anecdotique qu'inconséquente. Malgré quelques réserves, le virage opéré par Audiard est convaincant dans la mesure où le cinéaste semble enfin avoir trouvé des procédés formels et d'écriture à la hauteur de ses ambitions, judicieusement revues à la baisse.
    dominique P.
    dominique P.

    838 abonnés 2 027 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 24 septembre 2018
    Je ne suis pas du tout fan de Western, mais de temps en temps je vais en voir malgré tout.
    Celui-ci est bien dans l'ensemble, il est de bonne facture.
    La première heure est un peu pénible, mais la deuxième heure va mieux.
    Ce western est parfait pour ceux qui affectionnent le genre.
    cylon86
    cylon86

    2 517 abonnés 4 430 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 19 septembre 2018
    Jacques Audiard l'a dit, faire un western ne l'intéressait pas, il voulait simplement concrétiser son envie de tourner avec des acteurs américains. Jake Gyllenhaal voulait tourner avec lui depuis des années (il faisait partie du jury cannois ayant donné la Palme d'Or à "Dheepan") et John C. Reilly a lui-même apporté le roman de Patrick DeWitt à Audiard pour qu'il en réalise l'adaptation. Difficile à croire pourtant que le cinéaste ne s'intéresse pas le moins du monde au western et pourtant la vision des "Frères Sisters" impose définitivement l'idée qu'Audiard se fiche du western, de ses codes et de sa mythologie. Le western n'est vaguement qu'un contexte dans une œuvre où la thématique se niche ailleurs. Une thématique d'ailleurs très personnelle au cinéaste, s'interrogeant une fois de plus sur les liens du sang, le poids de la famille et la violence qui peut en découler. L'histoire de Charlie et Eli Sisters, deux tueurs au service du mystérieux et influent Commodore (Rutger Hauer, présent quelques secondes sans ligne de dialogues et dans trois plans !) traquant deux hommes, l'un d'eux ayant mis au point une formule pour faciliter sa recherche de l'or. La trame n'est qu'un prétexte pour une étude de caractère brillante où Audiard et son compère Thomas Bidegain font fi de certains impondérables du genre : les fusillades sont brèves, nocturnes (superbes plans d'ouverture) ou hors-champ. La violence est présente mais c'est le lien entre les hommes qui est au cœur du film. Un film aux allures de ballade mélancolique où l'humour côtoie la simplicité. Il en faut peu au cinéaste pour donner du corps à son récit quitte à frustrer un peu. Le duo que forme John C. Reilly et Joaquin Phoenix est particulièrement attachant et bien écrit, les deux frangins se chamaillant mais étant liés par un lien indéfectible. Parfois déroutant, souvent très beau, "Les Frères Sisters" est une nouvelle fois la preuve que Jacques Audiard est un cinéaste à part, capable de s'emparer d'un matériau à priori loin de lui pour en faire un film personnel et particulièrement touchant.
    Christoblog
    Christoblog

    828 abonnés 1 675 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 23 septembre 2018
    Tout est très bien, dans le dernier film de Jacques Audiard, comme d'habitude, et pourtant j'ai vainement attendu le grand frisson.

    L'image est très belle, le choix des décors (très américains, mais pas souvent vus au cinéma) est parfait, la reconstitution de l'ambiance du far-west au moment de la ruée vers l'or est admirablement rendue. On croit à ce qu'on voit, sans jamais avoir l'impression de décors en carton pâte.

    Les acteurs sont formidables. Joaquin Phoenix est magnétique en bad boy à tendance suicidaire, Riz Ahmed épatant en idéaliste charismatique, et Jake Gyllenhaal très juste en détective pensif. Mais le meilleur de tous, c'est John C. Reilly, tour à tour attendrissant, violent, protecteur, affaibli. Il parvient par son jeu subtil à balayer toute une palette d'émotion.

    Malgré toutes ces qualités (on pourrait y ajouter la curiosité de découvrir l'invention de la brosse à dent), le film parvient difficilement à susciter l'émerveillement. Si certaines scènes portent bien la marque de son réalisateur (je pense par exemple à l'expressionnisme nocturne de la fusillade d'ouverture), il lui manque la vivacité du scénario de la première partie de Dheepan par exemple, ou le charme des visions oniriques qui parsemaient De rouille et d'os.

    La promenade que propose Audiard dans l'Ouest américain est donc plaisante, mais c'est probablement parce que le scénario est un peu évanescent que le film ne décolle que très rarement. Les dernières scènes dans la maison familiale résument ce que je pense du film : elles sont admirablement filmées, et un peu ennuyeuses.
    this is my movies
    this is my movies

    703 abonnés 3 087 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 21 septembre 2018
    Grand fan de cinéma classique US, il était presque logique, et normal, que J. Audiard se frotte au genre du western. Il s'en tire avec un film moderne dans sa façon d'aborder le genre, plutôt respectueux de ce dernier, sachant composer avec les passages obligés et une relecture déférente mais sans illusion. Plastiquement, c'est donc du très haut niveau, avec un B. Debie à la photo qui a dû s'éclater, mais Audiard ne tombe pas dans le piège de l'ostentatoire. C'est beau mais jamais trop contemplatif. Au niveau du scénario, l'inspiration littéraire se ressent, peut-être un peu trop, et l'essentiel du film tient aussi sur des acteurs fabuleux, même si aucun d'entre eux ne livre la meilleure prestation de sa carrière. Certes, J.C Reilly est particulièrement mis en avant (il est l'initiateur du projet et producteur) et on sent que le film, dans son propos, n'est pas vraiment intéressé par le fait de donner une parole équitable à tout le monde, mais ça reste un bon film, qui ne m'a pas transporté. Il évite l'écueil de la violence complaisante, trousse des gunfights montés bizarrement (on ne comprend pas toujours qui fait quoi), les thèmes développés sont intéressants, mais voilà, je suis resté un peu sur le côté. Mais le film a les moyens de contenter certains adorateurs du western, et d'autres, plus réfractaires au genre, grâce à la présence d'un auteur qui n'a rien perdu de son talent ni de ses convictions. D'autres critiques sur thisismymovies.over-blog.com
    cinono1
    cinono1

    303 abonnés 2 056 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 7 décembre 2020
    Jacques Audiard regarde l'ouest américain avec un regard européen. Moins de grands espaces, plus de psychologie. Moins de mythologie, plus de réalisme... Si les personnages ne sont curieusement pas très cernés, on retrouve avec bonheur ce mélange de sensibilité et d'apreté qui fait la marque de son réalisateur, bien aidé par une photographie à la fois sombre et chaleureuse. Pourtant, les interrogations existentielles finissent par apparaître artificielle, l'ensemble n'est pas tenu par une histoire assez forte ou par une prise de conscience dû à un évenement... Il y a un coté utopique dans ce film, une quète vers l'apaisement. La musIque d'Alexandre Desplat est très varié et les acteurs sont excellents, John C.Reilly en tête.
    Frédéric M.
    Frédéric M.

    186 abonnés 1 846 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 24 septembre 2018
    Pas le meilleur western de ses dernières années, il en reste malgré tout un excellent film avec une photographie magnifique, un casting impeccable et une histoire progressive et captivante. On aime le coté fataliste. Un très bon film de western, genre trop rare, mais sublimé par chaque nouveau film.
    pfloyd1
    pfloyd1

    129 abonnés 2 109 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 27 février 2019
    Que ça fait du bien de voir un bon "Western" comme il y en avait à l'époque..à l'époque de Clint Eastwood ou plus récemment de Tarantino. "Les frères Sisters" entre au panthéon des bons et justes Western avec des acteurs charismatiques et authentiques qui respirent bon la poussière et la crainte, ces deux frères, différents l'un de l'autre mais soudés tiennent à leur réputation de mauvais gars et n'ont peur de personne. Chasseurs de prime, ils iront traquer dans les moindres recoin deux hommes chercheurs d'or, bravant l'hostilité de mercenaires et la rudesse de la nature de l'Ouest.
    Admirablement bien tourné, la bande sonore est un régal et apporte avec justesse l'authenticité et la cruauté de l'Ouest américain du 19e siècle. On a mis en avant le nouvel effet des détonations des pistolets avec des jeux de lumières étonnants dans le noir lors d'affrontements mais je pense que l'on en a trop fait, les fameuses détonations ressembles plus à des pétoires mouillés où la poudre aurait remplacé les balles, les éclats de lumières provenant des tirs ajoutent, c'est vrai, un effet "dramatique" à la situation mais pas de quoi monter sur le podium non plus. On s’ennuie pas, les frères Sisters est une véritable aventure, dommage que si peu de personnages apparaissent à l’écran, tout tourne évidemment autours de ces deux frangins.
    Bertie Quincampoix
    Bertie Quincampoix

    104 abonnés 1 830 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 12 novembre 2018
    Pour son huitième long-métrage, Jacques Audiard s'est expatrié de l'autre côté de l'Atlantique, réalisant un film personnel et original porté par John C. Reilly, Joaquin Phoenix, Jake Gyllenhaal et Riz Ahmed. Optant pour un ton intimiste et sobre, il signe un contre-western étonnant, parfois un peu insaisissable, mais dans un esprit résolument différent de ce que les grands cinéastes américains ont pu nous proposer récemment dans le genre. Son scénario, plein de rebondissements, nous emmène dans des directions totalement inattendues. Une très belle musique signée Alexandre Desplat. Intelligent, modeste et plutôt convaincant.
    Attigus R. Rosh
    Attigus R. Rosh

    195 abonnés 2 511 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 13 septembre 2019
    Les frères Sisters est un film western plutôt plaisant signé Jacques Audiard même si au-delà des caractéristiques propres au genre western qui sont bien là, il n'y a pas grand chose d'autre de mémorable.
    L'histoire tient la route même si elle n'est qu'un prétexte pour montrer deux personnages à la fois atypiques et à la fois représentatifs d'une période charnière de l'histoire des États-Unis. Les frères Sisters sont fascinants, s'entraidant à travers toutes leurs péripéties et difficultés auxquels ils seront confrontés (et il y en aura énormément tout au long de leur parcours).
    Le film devient un peu long vers la fin spoiler: et d'ailleurs celle-ci n'est pas particulièrement convaincante mais si elle est assez originale pour un western (les deux frangins retournent vivre chez leur mère).

    Le casting est excellent et le quatuor d'acteurs est impressionnant. Pour son expérience américaine, Audiard s'est franchement bien entouré : Jake Gyllenhaal, Riz Ahmed, John C. Reilly et Joaquin Phoenix sont tous au sommet de leur art.
    Les décors sont magnifiques (digne du genre western).
    Bon film d'Audiard.
    Isabelle E.C.
    Isabelle E.C.

    53 abonnés 298 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 7 octobre 2018
    Ça se laisse regarder, c’est un bon western avec une dimension psychologique et psychanalytique, tous ces hommes de l’ouest ont voulu tuer leur père, il l’on parfois fait.
    L’histoire se déroule avec des rebondissements réguliers, mais c’est un peu trop long.
    Il n’y a aucun personnage féminin notable, juste des silhouettes pour le décor.
    L'Otaku Sensei
    L'Otaku Sensei

    313 abonnés 226 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 6 octobre 2018
    J'ai fait connaissance avec le cinéma de Jacques Audiard lors de mes années de lycée, avec l'option cinéma que j'ai suivis. Je remercie sincèrement mes professeurs d'audiovisuel grâce auxquels j'ai pu découvrir à 16 ans "De Battre mon coeur s'est arrêté" (2005), avec Romain Duris & Neils Arstrup, "Un Prophète" avec Tahar Raïm (2009) et "Sur mes lèvres" avec Emmanuelle Devos et Vincent Cassel (2001), du réalisateur, car c'est avec Jacques Audiard que je me suis ouvert et que j'ai commencé à m'intéresser au cinéma d'Auteur que je mésestimais complètement auparavant dans mon champ hyper restreint de cinéphile immature. Même si entre temps, "De Rouille et d'Os" (2012) est passé par là et que de souvenir, j'avais tellement peu accroché que je n'ai même pas pu aller au bout du film (mais ce serait à revoir), grâce à mes cours de cinéma du lycée, j'ai toujours porté intérêt à l'oeuvre de Jacques Audiard, j'ai toujours été sensible aux façons de filmer du réalisateur, à son montage et les thématiques récurrentes de son oeuvre.
    Jacques Audiard c'est un mec que j'aime vraiment bien, un auteur, un vrai, et dont les films (du moins ceux de lui que j'ai vu) ont une épaisseur et une identité reconnaissable. Ce que j'aime beaucoup chez Jacques, c'est que c'est un cinéaste de "l' isolement". Ce que je trouve passionnant/captivant dans les films d'Audiard, c'est cette récurrence à mettre en scène des personnages isolés, physiquement, moralement, localement, symboliquement, des personnages qui perdent la notion du bien et du mal et qui tentent toujours désespérément de se construire une "bulle", un refuge, pour affronter ou fuir une réalité qui les dégoûte (souvent par la violence) mais qui échouent car rattraper par leur destin. Des thématiques qui me touchent personnellement et que Jacques a très bien su transposer dans plusieurs genres, que ce soit dans l'univers carcéral impitoyable de "Un Prophète" ou encore dans le mélodrame avec "De Rouille et d'Os". Cette fois, Jacques Audiard se lance lui même un sacré challenge et pas des moindres en s'attaquant à un genre, que dis-je un véritable pilier du Cinéma de Genre, quasiment né en même temps que le Cinéma lui même avec "l'Attaque du Rapide" Edwin S. Porter en 1903, le Western !!
    Voilà qui est bien improbable !!! Jacques Audiard qui s'essaye au Western, rien que ça ^^.
    Ainsi, le réalisateur de "Regarde les hommes tomber" (1994) vise grand: faire un film d'Auteur en affichant sa singularité dans un film grand public populaire. Des Westerns on en a eu à la pelle dans les années 30-50 avec le tandem iconique John Ford/John Wayne, "La Chevauchée Fantastique" (1939), "La Charge Héroïque" (1949), "La Prisonnière du Désert" (1956), "L'Homme qui tua Liberty Valance" (1962) ect dans l'âge d'or Hollywoodien, puis au Nouvel Hollywood avec "La Horde Sauvage" de Sam Peckinpah (1969), "Little Big Man" d'Arthur Penn (1970) et j'en passe....puis dans la modernité avec "Impitoyable" de Clint Eastwood (1992) puis "Danse avec les Loups" de Kevin Costner (1990); bref, on a eu plus d'une centaine de Westerns depuis les origines du 7ème Art, des films de cow-boy qui ont connus moult chrysalides a travers les âges. On pourrait en avoir marre de voir toujours les mêmes choses, les mêmes codes, les mêmes personnages types, pourtant en France, on a cultivé depuis la Nouvelle Vague ce mouvement cinématographique théorique initié par François Truffaut dans les pages des Cahiers du Cinéma en Février 1955 qu'est la "Politique des Auteurs" selon laquelle le réalisateur de Cinéma est un Auteur à part entière. De cette manière lorsque Steven Spielberg ou Stanley Kubrick font un film de Guerre, ça intéresse car ce sont des auteurs de cinéma. C'est la même chose pour "Les Frères Sisters", le film a notre intérêt non pas car il est un Western en premier lieu...mais un Western réalisé par un auteur.
    C'est tout à fait avec cette mentalité découlant de la Politique des Auteurs que je demeurais extrêmement curieux de voir ce qu'allais donné un Western avec Audiard derrière la caméra !
    Bon, "Les Frères Sisters" / "The Sisters Brothers", Western Franco-Américain et 8ème film de Jacques Audiard, adapté du roman éponyme de Patrick deWitt (2011) nous raconte l'histoire de deux frères dans l'Oregon de 1851. Charlie & Eli Sisters sont deux mercenaires sans pitié, chargés par le Commodore de parcourir l'ouest américain à la recherche de Warm, un chimiste qui aurait découvert une formule scientifique pour fabriquer de l'or, tandis que leur acolyte John Morris est déjà sur les traces de Warm. Mais les Frères Sisters peuvent-ils vraiment faire confiance à Morris ? Quel est l'objectif de Warm en possession d'une telle formule...dans le contexte de la ruée vers l'or ? Cette quête initiatique mettra Charlie, Eli et le lien fraternel qui les unis à l'épreuve de la cupidité et de la violence du monde qui les entoure.
    Voilà pour le pitch global.
    Verdict : que penser des "Frères Sisters", autrement dit ce Western d'Auteur ? Eh bien honnêtement mon ressenti est assez brumeux, assez compliqué à vraiment définir tant le résultat est homogène pour moi.
    Je n'irais pas par 4 chemins, objectivement, "Sistrers Brothers" est un bon voir même un très bon film tout à fait réussi.
    L'entreprise très ambitieuse de Jacques Audiard de poser son empreinte sur un genre hyper populaire comme le film de Cow-Boy qui a fait les beaux jours d'Hollywood est tout à son honneur....seulement voilà, pour moi Jacques a commit une erreur ! Je vais expliquer ce que j'entends par là.
    Ce qui me plaisais chez Jacques Audiard, sans reparler de ses thématiques citées plus haut dans ma critique, c'est que le réalisateur avait vraiment une identité stylistique et codifiée reconnaissable. Hors là le problème est tout simplement que je n'ai pas su la retrouver. C'est très simple, je n'ai pas eu l'impression avec "Les Frères Sisters" de voir un film "Audiarien".
    Tout le problème étant le suivant, en cherchant à additionner sa singularité d'Auteur dans le genre codifié du Western...j'ai eu l'impression très forte que la singularité d'Audiard s'était retrouvée complètement diluée, hyper minimisée, que l'approche originale du réalisateur-auteur s'effaçait au profil du genre et de ses codes.
    J'ai tout simplement eu l'impression de voir un Western mais PAS un film de Jacques Audiard. Vous allez me dire en voyant ma modeste note qu'un jeune comme moi ne sait pas apprécier du Cinéma d'Auteur, que si je suis déçu c'est que je devais m'attendre à des scènes d'actions bourrins non stop et un rythme soutenu parce que je suis de ce que l'on a vulgairement appelé la "Marvel's Generation". Je vous arrête tout de suite, vous n'y êtes pas. Personnellement selon la nature et le genre de film que je vais voir au cinéma, mon cerveau n'est jamais formaté, stimulé de la même manière en fonction des films aussi, lorsque je vais voir un film d'Auteur, mon cerveau n'est pas formaté comme lorsque je vais voir un blockbuster, mes attentes ne sont pas orientées sur le même objet.
    Et justement, avec Jacques Audiard je savais à quoi m'attendre et je n'allais pas voir les "Frères Sisters" en espérant voir des duels de revolver et des cascades de folies non, je connais suffisamment Audiard pour savoir que le réalisateur est dans l'intime et la retenue. Hors là, il se trouve que le film ne m'a pas déçu parce qu'il était un film d'Auteur...mais parce qu'il m'a semblé être bien plus un film de genre qu'un film d'Auteur (alors que j'attendais un film d'Auteur).
    Jacques Audiard a voulu intérioriser les codes du Western pour en faire un film personnel avec des personnages isolés en quête d'une bulle à l'abris de la violence du monde, c'est hélas tout le contraire qui s'est produit à mes yeux, Audiard a été trop à l'ouest (c'est l'cas d'le dire ouaip ^^), il a tu son originalité.
    Sans être un échec total car bon, je suis peut être un peu de mauvaise foie, si, on retrouve quelques thématiques chères à Audiard (que j'ai cité) mais Jacques en a vraiment fait le minimum syndical et je le répète encore mais la singularité thématique et stylistique du réalisateur s'efface devant le banal des codes du Western.
    Et c'est clairement dommage car plus que de la déception, c'est de la frustration que je ressent car ce film avait de solides fondations sur le papier : une histoire intéressante, des personnages intéressant, l'univers du Western et le contexte de la ruée vers l'or, mais à l'écran le film semble loin des promesses qu'il nous a fait, à mes yeux y a limite tromperie sur la marchandise.
    Dans un film d'auteur, on est sensé toucher à du Cinéma de Personnage ou ce sont les personnages et leur(s) conflit(s) psychologique(s) qui donnent le tempo, hors ici les personnages sont pauvres et plus des automates de l'histoire qu'autre chose, beaucoup trop fonctionnel.
    Là encore c'est hyyyyyper rageant d'avoir des personnages aussi peu développés et élémentaires avec un casting 4 étoiles !! Entre John C. Reilly, l'acteur de "Magnolia" (1999), "Gang of New York" (2002), "The Lobster" (2015) et le doubleur de Ralph La Casse dans "Les Mondes de Ralph" de Disney (2012), Joaquin Phoenix ("Gladiator" de R.Scott en 2000, "Le Village" de M.Night Shyamalan en 2004, "Her" de Spike Jonze en 2013 ect) et en plus Jake Gyllenhaal ("Donnie Darko" en 2001, "Prisonners" & "Enemy" de D.Villneuve en 2013-2014) il y avait de quoi être ravi mais, et ceux même si les acteurs se montrent très investis, leur jeux sert malheureusement des personnages trop plats avec un relief psychologique insuffisant.
    Je repense à Romain Duris dans "De Battre mon coeur s'est arrêté" (2005) qui cherchait à s'émanciper de son paternel pour vivre librement sa vie et faire du piano, ici on se retrouve encore une fois la thématique de spoiler: l'oppression par la figure du père qui hante les deux frères puisque Eli (John C.Reilly), le cadet a eu a tuer son père alcoolique et violent, à la place de Charlie (Joaquin Phoenix), l'aîné, qui n'a pas eu le courage de le faire. Si dans le film de 2005, Tom (Romain Duris) était oppresser par la présence de son père et devait "tuer son père" d'un point de vue psychanalytique, ici il y a toute une symbolique Freudienne car les frères ont supprimés leur père mais ils restent encore d'une certaine manière psychologiquement aliénés à lui. En psychanalyse, on dit que l'enfant doit "tuer le père" pour devenir un homme. Le point de vue psychanalytique est d'autant plus adapté dans le cadre du film que les personnages d'Eli et Charlie sont en fait des enfants innocents et immatures (le plus jeune est un rêveur raisonnable tandis que le plus grand est un fêtard irresponsable qui passe son temps à prendre des cuites) dans des corps d'adultes, des enfants qui n'ont pas encore bien comprit et discernés les notion du Bien et du Mal dans un monde sauvage et violent. Des enfants, idée encore plus explicite encore avec la toute fin ou les "Sisters Brothers" regagnent le foyer familial et ou leur mère leur passe un savon avant de les choyer (là encore symbolique des enfants qui n'ont pas encore réussi à couper le cordon ombilical avec la Mère).
    C'est bien rageant car je sent que le sous texte est là, bien présent mais hélas, tout ce développement de personnage n'est qu'un iceberg. C'est ça, les personnages des "Frères Sisters" sont des "personnages iceberg", leur développement ne représente qu'une infime surface de la chose...et malheureusement Jacques Audiard en reste à la surface et ne plonge jamais profond pour exploiter la partie immergée de la psychologie de ses personnages, on en reste assez bêtement à l'exposition mais jamais on ne bascule dans l'exploration.
    Idem pour les personnages de Warm et Morris, l'autre duo avec toute sa thématique de spoiler: bâtir un Etat nouveau, sans vices, juste et ou les hommes pourront êtres libres; sorte de transposition dans le Western de l'Utopia de Thomas More (1516). Là pareil, on cite les objectif mais jamais on ne s'y attarde, ça en reste et restera à l'état de long dialogues encombrant sans jamais de concrétisation, alors qu'avec ça, Jacques Audiard avait trouvé une super idée pour dresser une critique pessimiste puis optimiste de notre société, de critiquer la sauvagerie face à la civilité.

    Là encore, c'est le cas de le dire mais Jacques Audiard est passé à côté d'une mine d'or qui était pourtant sous ses yeux. Le réalisateur néglige pratiquement tout le potentiel émouvant de son film, ne développe aucune de ses thématiques et ne meuble pas son "conte initiatique de cow-boy", du coup les personnages sont réduits à être fonctionnels et le récit s'aplatit, nous laisse constamment dans l'attente et finalement c'est l'ennui qui finit par se pointer.
    Je n'avais pas envie d'être déçu et je n'ai toujours pas envie d'être méchant avec "Les frères Sisters", j'aurais absolument tord car on a là un réalisateur Français qui s'est donné les moyens de faire un Western avec des vedettes d'Hollywood, à mille lieux des comédies stupides que l'on a en masse, j'ai serte été pas mal frustré par ton dernier film Jacques mais rien que pour ça tu as quand même tout mon respect.
    Allez le voir !
    cinéman
    cinéman

    42 abonnés 806 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 3 octobre 2019
    Le film conte l'aventure de 2 frères ni bon ni mauvais, et leur rencontre avec un chimiste qui détient une formule pour mieux déceler dans l'eau les pépites d'or. Malgré quelques scènes comiques, d'autres plus gores, et de bonnes bagarres... on se demande ce qu'apporte vraiment ce genre de western. Peut-être l'ambiance des États-Unis post conquête de l'ouest au début de la révolution industrielle, bien restituée… Sinon un divertissement assez honnête.
    vidalger
    vidalger

    321 abonnés 1 250 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 4 octobre 2018
    Audiard est l’un de nos meilleurs cinéastes par l’étendue de son talent ou la variété des genres qu’il aborde. En se lançant dans le western, il nous faisait craindre, dans ce genre très balisé, une dégoulinade dans le pastiche ou l’apparition d’un accent français qui trahirait l’imposture. Sans faute à ce niveau, ouf ! Là où ce film pêche, c’est dans l’absence de recul, on est toujours dans le premier degré, comme si l’apprenti avait eu peur de trop s’éloigner des maîtres du modèle standard des années 60 voire 50. On s’ennuie vite à ces longues chevauchées au petit matin, ces souleries du samedi soir et autres bagarres sanglantes. Le scénario ne rebondit qu’à des intervalles très espacés. Le casting est recherché même dans les rôles secondaires.
    Où est passé l’Audiard du Prophète, de De rouille et d’os ou même celui de Dheepan ?
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