Un réalisateur français de plus qui va s’essayer (et se planter) au western ??? « Les frères Sisters » ??? C’est Audiard (jacques, le fils). Ca va être « La cage aux folles » au far West. Craintes et scepticisme se sont renforcées à la lecture des critiques. Pour certains d’entre eux (la plupart) c’est le septième chef d’œuvre du réalisateur, ce qui le range dans le top ten des dix plus grands réalisateurs de l’histoire du cinéma. Après le très moyen « Deephan », Palme d’Or à Cannes… Aïe, aïe, aïe… Eh bien pas du tout. Pour commencer les acteurs sont américainsJack Gyllenhaall, John C. Reilly, Joaqin Phoenix, excusez du peu) pour la plupart et très professionnel, avec une culture du western innée et ça se voit : ils font vrai, même si c’est clairement du cinéma. Imprimez la légende disait John Ford à la fin de « Liberty Valance ». Et Audiard ne va pas se gêner. Il reprend la plupart des codes du genre avec le plus important, au sens fordien du terme : la causerie le soir au coin du feu. Là où peu à peu l’histoire dans une curieuse forme récursive va opérer un virage à cent quatre vingt degrés (U Turn disaient-ils). Pendant plus d’une heure, le film expose les additions successives du mal avec le mal. Gunfight, assassinats, poursuite, etc… Même l’association ne l’est que par cupidité. Et c’est en touchant le fond qui génère de plus un désastre écologique dans une rivière, que le chemin de la rédemption commencera. Si le happy end symbolique filmé dans l’encadrement d’une porte qui s’ouvre sur les grands espaces est un hommage à « The Searchers » (La prisonnière du désert) de John Ford, il rappelle aussi que comme le maître, Audiard est incapable de filmer correctement une bagarre. Et là, les comparaisons avec John Sturges, l’inventeur du western psychologique, Sam Peckinpah dont il reprend la noirceur et la violence, Clint Eastwood et Arthur Penn pour son côté décalé, trouvent, contrairement au cinéma d’Eastwood, des limites dommageables avec pour conséquence une fin peu crédible dont la seule surprise provient du fait qu’Audiard ait osé le faire. Question qui ne se pose jamais chez les grands maîtres (certes, pas pas chez Peckinpah puisqu’à une exception près, ce sont des tragédies). A noter la très intéressante musique d’Alexandre Desplat avec des orchestrations étonnantes mais qui sonnent juste.