Voilà un western qui tient la route, allant des grands espaces aux petits moments intimes ponctués de confessions surprenantes. Juste ce qu’il faut d’étripage, cavalcades échevelées pour échapper aux tueurs à gages (au pluriel car il y en a un paquet), villes du Far West qui se montent en quelques semaines, panneau en bois après panneau en bois. Sans oublier les saloons bruyants et enfumés, ne tirez pas sur le pianiste, lupanar à l’étage, le bain bienvenu dans un baquet en bois. Bref, il ne manque rien pour établir l’atmosphère du Grand Ouest.
On aime le duo meurtrier formé par les 2 frères si différents l’un de l’autre, adultes trainant dans leurs maigres bagages les lourds traumas de l’enfance dus à un père pas très paternel, avec pour conséquence des vies gorgées de sang et de tragédies dévastatrices.
Le cadet est bête et méchant, sociopathe, grand buveur devant l’Éternel, cynique, tirant plus vite que son ombre, face à son aîné, tout aussi mortel mais qui, lui, s’endort le soir avec le châle offert par une honorable damoiselle, et qui découvre avec joie la brosse à dent et les WC avec chasse d’eau !
Le 2è duo, plus conventionnel, est formé par un détective, cynique et manipulateur, à la poursuite d’un chimiste chercheur d’or, très très utopiste. Tous démarrent avec des objectifs bien précis mais au fur et à mesure qu’ils se découvrent et qu’un lien imprévu et déconcertant se tisse, le road movie se transforme en parcours initiatique, les perspectives s’élargissent et le court-terme voit l’horizon s’ouvrir. Comme magnifiquement illustré quand brusquement, inattendu, l’océan se déploie sous leurs yeux.
C’est épique, souvent drôle, parfois émouvant. Merci pour ce bon et beau moment, Mr Audiard.