Charlie et Elie Sisters (c’est leur patronyme) sont deux frères tueurs à gage aux États-Unis. Ils sont nés pour ça. Sans états d'âme, ils tuent tous ceux qui se mettent en travers d’eux. Lorsque le Commodore, personnage mystérieux que nous ne ferons qu’entrevoir derrière une fenêtre, leur demande de rechercher et tuer un homme pour une grosse somme d'argent, ils n'hésitent pas. Cet homme, Warm (Riz Ahmad) est un chercheur d’or, mais d’abord un chimiste qui a mis au point la formule d’un produit qui jeté dans la rivière, fait scintiller les pépites qu’il n’y a plus qu’à ramasser… Il a à ses trousses un détective, Morris (Jake Gyllenhaal) lettré et soigné de sa personne, qui doit livrer Warm aux frères Sister car il ne répugne à tuer. Le film repose sur la confrontation d’un tandem, à la poursuite d’un autre tandem…qui fusionneront au final en un curieux quatuor, le doux, Elie, le violent, Charlie, le dandy, Morris et l’idéaliste, Warm…Ces personnages traversent le Nouveau-Monde à cheval, un nouveau monde saisi par la fièvre de l’or, les villes qui poussent comme des champignons… tous les codes du western sont respectés, les bivouacs où les selles servent d’oreillers, les saloons et leurs portes battantes, le tripot à la prostituée trop émotive, et à la fabuleuse patronne transgenre….Jacques Audiard a pris plaisir à adapter le roman plutôt drôle de Patrick de Witt et cela se sent…les acteurs sont tous impeccables, les dialogues nourris, nous sommes loin des cowboys taiseux, parfois métaphysiques et le plus souvent plein d’ironie…Le film peut se voir aussi comme une peinture de l’Amérique passée et actuelle, toujours aller plus loin, prendre plus avec les techniques les meilleures sans se soucier du malheur des autres ou de l’impact sur l’environnement…Le plan sur les poissons morts est en cela explicite. Pas de grands canyons, mais une nature plus verdoyante, pas de grandes chevauchées, pas de fusillades à tout va…un western « apaisé » que l’on pend plaisir à regarder…