Je n'ai vu ce film qu'une fois, et pour cause, j'ai pleuré pendant une bonne heure après le générique tant je me suis sentie concernée par la manière dont le sujet est traité.
Adaptée de la bande-dessinée éponyme de Michel Rabagliati (que je vous conseille vivement, cet album et les autres) "Paul à Québec" est l'histoire d'un graphiste dont le beau-père est en phase terminale d'un cancer.
Alors oui, le pitch ne fait pas forcément rêver et laisse présager un scénario tire-larmes facile.
Mais il n'en est rien.
Inspiré de l'histoire de Michel Rabagliati (la véritable belle-famille" ayant même fait de la figuration dans le film) et fidèle à l'humour déjà présent dans le format papier, François Bouvier nous livre là une œuvre réaliste et tendre. Une ode à la famille, à la force que l'on découvre en soi lors d'une épreuve, une réflexion sur le temps qui passe bien trop vite.
Dès les premières minutes, le spectateur est convié à Québec pour une réunion de famille typique.
Les enfants jouent dans le jardin, les adultes conversent et les patriarches observent le tout avec sagesse et bienveillance.
En plus de dépeindre, François Bouvier parvient à nous faire rentrer littéralement dans la famille tant son approche se trouve être tendre et réaliste (je me répète mais c'est si vrai^^)
Les comédiens sont tous excellents (dont un Gilbert Sicotte magistral!) et leur complicité fait plaisir à voir.
L'on se surprends à retrouver des habitudes et des comportements déjà vu (c'est bien simple, j'ai eu la sensation de voir les habituelles réunions chez mes propres grands-parents) et cela permet très vite de s'attacher à tous ce petit monde.
Cela fait du bien de voir à l'écran une famille qui ne soit ni dysfonctionnelle "over-the-top", ni exagérément joyeuse/"publicité Ricoré".
La première partie offre donc des instants de bonheur simple, teintés de nostalgie et de réflexions sur le temps qui passe.
La seconde partie sera plus grave (en raison du sujet abordé) mais parviendra tout de même à conserver la finesse de la première.
Lorsqu'il est question du cancer au cinéma, la narration et le scénario se place très souvent du point de vue du malade et de sa perception face à la mort.
Rarement celui du côté des proches qui assistent, impuissants à la déchéance physique puis au départ d'un être cher.
Le personnage de Paul est d'ailleurs lui-même plus observateur qu'acteur des événements, parlant peu et tentant de faire de son mieux à la place qu'il occupe (le gendre ayant une relation pudique et respectueuse avec sa belle-famille) et mettant en parallèle l'histoire de son propre père, mis à la retraite sans vraiment l'avoir voulu.
Ici il n'est pas question de grandes scènes grandiloquentes sur le deuil ou de crises de larmes hystériques mais d'une famille soudée dans l'épreuve et dont les manifestations de douleur restent infiniment dignes...pour qui l'a déjà vécu, tout sonne vrai.
La mort est en quelque sorte présentée comme une sorte d'aventure humaine et non pas comme une tragédie spectaculaire.
L'on se surprends même à rire lors de quelques scènes
(je pense notamment à celle où les trois sœurs échangent sur leurs "digestions" respectives)
car cela fait aussi partie de ce genre d'épreuves. La mort est en quelque sorte présentée comme une sorte d'aventure humaine et non pas comme une tragédie spectaculaire.
Bref, un très beau film qui rejoindra sans problème le panthéon du "grand" cinéma Québécois (même s'il semble être passé complétement inaperçu en France...une fois encore)
Coup de g*** de dernière minute-->
J'ai la chance de bien connaître le Québec et d'avoir donc facilement accès aux produits culturels qui en sont issus (qu'ils soient musicaux, littéraires, cinématographiques ou même télévisuels...) et je regrette que que tout cela ne soit pas plus relayé en France.
Si le problème se trouve être l'accent (ce qui me paraît absurde, mais soit) pourquoi ne pas carrément "doubler" les longs-métrages pour les rendre plus "accessibles" au public français? Est-ce si insurmontable que cela?