The Loved Ones avait créé la sensation lors de sa projection au festival de Gérardmer en 2011 où le film était notamment reparti avec le Prix du Jury. 5 ans plus tard, son réalisateur, Sean Byrne, signe son retour dans le genre horrifique avec The Devil’s Candy. Pour la seconde fois, il pose ses valises dans les Vosges, confirmant que la réussite de son premier long-métrage n’était pas un hasard.
À la lecture du synopsis, sa facture plutôt classique laissait présager que ce projet serait moins ambitieux, lorgnant plutôt vers le film de possession et de maisons hantées classique sans ce grain de folie qui résidait dans The Loved Ones et qui en faisait un objet cinématographique si rafraîchissant et truculent.
Au final, certes, il est regrettable de constater que le produit fini ne regorge pas autant de richesses scénaristiques et esthétiques que la précédente œuvre du cinéaste, mais ce que propose The Devil’s Candy à le mérite de venir secouer le cocotier d’un cinéma fantastique anglophone peu à son affaire depuis plusieurs années déjà.
Sans vendre la mèche, le point de départ épousant un style proche des dernières productions fantastiques de Jason Blum et des récents Conjuring’s et autre Annabelle est vite évincé pour laisser place à une intrigue hétérogène malgré sa ligne conductrice assurément prévisible.
Le réalisateur recourt à des artifices narratifs comme le montage parallèle afin d’étirer les perceptives et surtout les points de vue, assurant une narration plus décousue dans son agencement et à la fois linéaire dans son traitement. L’identification et l’empathie attaché aux différents personnages n’en est que plus renforcée, ce qui est à mettre au profit du cinéaste australien qui évite l’erreur que 90% des productions horrifiques d’aujourd’hui font constamment, expédier la caractérisation de leurs personnages.
Le film ne durant qu’1h20, Sean Byrne aurait bien pu bâcler cette étape et plancher instinctivement vers ce que l’audience demande, l’aspect horrifique. Là encore, le bougre n’hésite pas à déconstruire totalement les canons classiques d’un genre cinématographique qui aurait grand besoin d’être dépoussiéré, en y affectant une trame hautement intimiste, de l’ordre du drame familial, injectant des dilemmes, surtout moraux, plus terre à terre. Il va alors, d’abord par petites doses, puis augmentant la fréquence au fur et à mesure que le récit évolue, insuffler une aura mystique et fantastique à coup de sonorisations angoissantes élémentaires comme des voix inquiétantes qui se font de plus en plus incessantes.
Byrne, à part un final fleuretant avec le grotesque, ne se plie que très rarement à des scènes horrifiques graphiques ou techniquement impressionnantes. Il n’use que très rarement d’effets de style (quelques ralentis par-ci, par-là), comme il avait l’habitude dans son The Loved Ones, favorisant préférablement des séquences épurées, des mouvements de caméra presque invisibles et surtout une bande sonore aux petits oignons.
L’horreur ou l’angoisse n’émane, en réalité, que très rarement de l’entité démoniaque qui n’est ici qu’une présence inébranlable et indélébile pourvoyeuse principale du climat inquiétant qui hante l’intégralité du film sans jamais intervenir, du moins pas directement. C’est plutôt à travers, la présence de cet étrange Ray, interprété par le non moins étrange Pruitt Taylor Vince, acteur au faciès à la fois fragile et angoissant, que la peur et l’appréhension d’un danger imminent se manifestera.
Vous n’aurez donc que très rarement peur dans The Devil’s Candy (à moins que vous soyez facilement impressionnables ou que vous regardiez peu de films d’horreur) et ce n’est objectivement qu’à ce niveau là que des reproches à son égards pourraient-être justifiés ; ça et sa symbolique religieuse de bas étage qui ne fera frémir que les cathos de la première heure et les bonnes sœurs…
Enfin, loué soit le seigneur, pas de screamer à déplorer, avouons que c’est un bon point à également ajouter au compteur !