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Yves G.
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3,0
Publiée le 7 juin 2017
Pendant quatre ans, le documentariste Du Haibin a filmé la vie d’un jeune homme originaire du Shanxi qui, le bac en poche, part étudier à l’université de Chengdu.
Filmer une vie, filmer la vie. Choisir un individu. Le filmer dans la durée.Voilà un pari sacrément culotté pour un réalisateur et pour son producteur. Sur quelle base choisir son héros ? Comment être sûr que les hasards de la vie n’invalident ce choix ?
On ne saura pas pourquoi Du Haibin a choisi de filmer Zhao Changtong. Le titre du film, son affiche nous indiquent une piste : le réalisateur s’est demandé comment on pouvait être un patriote communiste trois quarts de siècle après la révolution chinoise et alors que la Chine s’est transformée en jungle capitalise. Les premières images du documentaire montrent le jeune Zhao parader dans les rues de sa ville natale, en uniforme de garde rouge, portant fièrement le drapeau national. Deux destins s’imaginent à pareil personnage. Le premier est qu’il gravisse scrupuleusement les échelons de la hiérarchie communiste pour en devenir, un jour, qui sait, l’un des chefs. Le second est qu’il déchante rapidement, ses idéaux de jeunesse se fracassant sur les réalités d’une vie moins rose.
C’est la seconde voie qu’empruntera Zhao Changtong, transformant du coup le récit de sa vie en réquisitoire à charge contre les dévoiements de la Chine communiste. La foi dans le communisme de Zhao est d’abord ébranlée par le scandale Bo Xilai, ce maire de Chongqing dont la carrière météoritique a brutalement été interrompue par un procès retentissant. Plus proche de lui, la destruction de sa maison natale par des promoteurs immobiliers corrompus le font douter de la justice du système communiste. Mais, au fond, c’est la vie qui fait son travail de sape : en mûrissant, en tombant amoureux, en participant à un camp d’été dans un village reculé du Sichuan, Zhao se frotte à la vie et abandonne l’intransigeance militante qui était la sienne. "Un jeune patriote" parle moins du patriotisme et de ses dérives que de la jeunesse et du temps qui passe.